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La Revue des revues, 1 décembre 1892

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La Revue des revues
1 décembre 1892


Extrait du journal

C est la mauvaise destinée de notre pays de n’être compris ni par les étrangers, ni par les Italiens. A l’étranger, on exalte et on dénigre l'Italie sans la connaître et les louanges qu'on nous adresse ne sont pas moins injustes souvent que les outrages : chose fâcheuse sans doute, mais pour laquelle nous ne pouvons en vouloir a personne, car nous ne sommes pas mieux renseignés nous-mêmes. Il suffit de lire, pour s’en persuader, les articles des journaux, les brochures, les livres qu’on écrit sur l’Italie en Italie; c’est un charivari de mille instruments divers, dont chacun exécute une symphonie pour son compte : il y a des écrivains, par exemple, comme M. 1 uriello, qui soutiennent que 1 Italie doit devenir une grande nation militaire; d autres qui, par contre, prétendent que l'Italie sera une grande nation industrielle ou ne sera pas, tandis qu’on entend tous les jours crier par d'autres voix : « L’agriculture, voila 1 avenir de l’Italie! » Les apôtres de la paix, M. Théodore Moneta en tète, soutiennent chaleureusement que la mission de l'Italie est une mission pacifique et que sa politique devrait viser au désarmement général de l’Europe ; enfin, quelques esprits plus poétiques vont jusqu’à rêver pour l'Italie l'ancien empire des arts et des sciences. Cela nous prouve que les Italiens eux-mêmes peuvent envisager les conditions de leur patrie de mille façons tout à fait différentes; que les données du problème sont obscures, incertaines et excusent les erreurs des écrivains étrangers, qui ont étudié de loin une question, complexe et douteuse, même pour les observateurs qui vivent vis-à-vis du phénomène : il faut donc pardonner et essayer de trouver au moins quelques vérités, sinon toute la vérité, parmi les erreurs....
La Revue des revues (1890-1903)

À propos

Données de classification
  • g. ferrero
  • italie
  • europe
  • l. r