Extrait du journal

VI M. Paul Janet (2) Parmi les philosophes français contemporains, M. Janet est un de ceux dont l’activité intellectuelle s’est déployée dans les directions les plus diverses. Il n’est aucun grand problème de la philosophie dont il n’ait, par sa pénétrante analyse, éclairci les termes, approfondi ou préparé la solution. Le problème de la connaissance, il l’abordait au commencement môme de sa carrière dans une thèse des plus remarquées sur la Dialectique de Platon, complétée depuis par une savante étude sur la dialectique de Hegel. La question de l’existence de lame et de ses rapports avec le corps le préoccupait déjà quand il choisissait pour sujet de thèse latine la théorie du médiateur plastique de Cudworth ; il y revint plus tard, après s’être mis courageusement à l’école des sciences positives, et dans deux petits livres lumineux, rapides, substantiels, comme lui seul sait les faire, le Cerveau et la pensée, le Matérialisme contemporain, il a dirigé contre les adversaires du spiritualisme des coups qui ont dû porter, puisqu’on attend encore la riposte. Ce rigoureux logicien est en même temps un moraliste délicat ; rien de plus charmant et de plus fortifiant comme scs leçons sur la Famille, dont dix éditions 11 ont pas épuisé le succès. Là, comme dans la Philosophie du bonheur, le talent de M. Paul Janet s’est révélé sous une forme nouvelle ; son ferme et viril bon sens, toujours éloigné de l’utopie, de la déclamation, des effusions mystiques ou des réquisitoires prétentieux contre l’état social cl les misères...