Extrait du journal

I. L’éducation européenne, transportée dans l’Inde, y a introduit son enfant de prédilection, le journalisme. Tous les districts ont une presse locale, rédigée en langue indigène ou en anglais. Dans l’Hindoustan propre, entre Lakhno et Lahore, s’impriment plus de cent périodiques en ourson; les journaux bennais circulent aux bouches du Gange; le marathon et le gujarati se partagent la région de Bombay; le tamoul et le télougou, celle de Madras. Une évaluation approximative due au « prince de la statistique », le docteur Hunter, portait à trois cents environ le nombre des journaux publiés en langue vulgaire en 1885. Le personnel de rédaction se recrute en général dans la classe innombrable des papous, produits hybrides d’un enseignement exotique, bourrés de mots creux et de formules sonores, ignorants et pédants, impuissants et ambitieux, guidés par la vanité ou par l’intérêt, représentants sans mandat d’une opinion publique embryonnaire. Mais une élite de nobles esprits a compris la puissance et la dignité de l’arme mise à sa disposition et la consacre au service du droit et de la justice :...