Extrait du journal

Eh bien oui, il faut en parler une fois de plus, de cette fameuse évolution, puisque les romanciers, qui ont décidément tous les droits, se sont adjugé celui d’entretenir sans cesse le public de leur encombrante personne. Il faut en parler, précisément parce qu’on en parle trop et depuis trop longtemps pour que la réalité, qui se moque de nos discours comme de nos prévisions, n’ait pas, durant ce délai, fait avancer la question de plusieurs pas, — et il est temps de marquer le sens dans lequel, sans nous en rien dire, évolue ce genre désormais illustre. Il faut en parler pour chagriner ceux qui clament que le roman français est usé et qu’après les Loti, les Bourget et les France, il convient de mettre le point final. Il faut en parler, ne fût-ce que pour rassurer les familles des romanciers, effrayées de voir leur fils embrasser une carrière perdue, et qui, de l’avis même de M. Chose, le fameux vaudevilleliste, « ne nourrit plus son homme » Il faut en parler enfin pour prouver que, malgré que nous soyons contemporains de certains mouvements sociaux, nous savons fort bien les apercevoir .Et je sais que ce n’est point là l’avis d’Emile Faguet qui, un jour, a soutenu brillamment le contraire. Mais Emile Faguet a beaucoup d’esprit, et je suis sûr qu’il nous a déjà pardonné....