Extrait du journal

Il para|t que toute religion, surtout quand elle est fausse, doit se fonder sur des légendes : les admirateurs de Clemenceau qui lui ont voué un culte fanatique n’entendent pas procéder autrement. Ils suivent la tradition et se donnent un mal infini pour décerner au dieu défunt toutes les vertus dont il ne se souciait guère de son vivant. Ils se hâtent d’embellir ou de voiler élégamment les traits les plus caractéristiques et les plus équivoques de sa nature violente, de sa carrière agitée. La gageure prête à sourire pops les gens renseignés, doués d’un reste de mémoire ; mais ils se rassurent sur le succès d’une campagne si pieuse pour la glorification d’un mort qui ne croyait pas à grand’chose. Les lanceurs de cette nouvelle mystique font du zèle et vont trop vite en besogné : ils n’attendent pas assez que le recul des temps permette de négliger les témoins contemporains d’événements difficiles à transfigurer....