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L’Alsacien-Lorrain de Paris et des départements, français et annexés, 6 août 1911

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L’Alsacien-Lorrain de Paris et des départements, français et annexés
6 août 1911


Extrait du journal

les brasseries : Paris est en fermenta tion. Un régiment de cavalerie a, dit-on. chargé la loule devant le Palais-Bourbon. Est-ce donc pour cela que le gouverne ment dirige sur la capitale des forces considérables, tandis que les Prussiens ont envahi notre territoire ? ... Voyez-vous, me dit le soir même un officier : les hommes du pouvoir ne sont tous que de vieilles croûtes ; je m étonne que Paris n ait pas encore flan que cette race à la porte et proclamé la République qui seule peut donner de l’énergie à la France ! ... Le général en chef affirme dans une proclamation que Strasbourg ne se rendra pas tant qu il y aura un homme, une cartouche, un biscuit. Est-il donc question de se rendre ? — Le générai Uhrich est vieux, mais bon soldat. D’un autre côte, les habitants de mandent des armes a grands cris, et paraissent décides à une vigoureuse ré sistance. Quant a moi. |e ne crois pas que les Prussiens songent à prendre la ville ; ils laissent les troupes en observation de vant elle pendant que le gros de leur armée traverse les Vosges : voilà tout. C'est d ailleurs la tactique suivie par eux en 1866. ... Le 12 août, au matin, le 2e batail lon du 21e de ligne va occuper les ou vrages avancés de la citadelle : ma com pagnie campe dans l'ouvrage n 7;, en face de la Robertsan et à 2 kilomètres environ a l'ouest de Kehl. Si l'on était là comme un simple touriste, le regard se plairait a errer sur le forêt-noire, les plaines verdoyantes du grand-duché de Bâtie et la ligne immense des peupliers qui indiquent le cours du Rhin : mais dans la position ou je me trouve, je re marque tout d abord que pas un arbre ni une haie n’ont été abattus aux environs de la ville et de la citadelle. L ennemi pourrait, a la faveur de la nuit, s’appro cher de nos remparts sans que nous puissions 1 apercevoir. Quel est, encore une fois, l'idiot qui a préparé la guerre ? Tous les matins une reconnaissance est poussée vers le Robertsan. un vrai nid de Prussiens : la fusillade $ engage près d'une heure et l'on revient sans grandes pertes ; car on ne tire guere qu'au juge, à cause des bois et des maisons. Au re tour Ton se débarbouille, chose facile puisqu'il tombe de l'eau depuis huit jours et que les fossés sont inondes ainsi que les environs de la ville. Beaucoup pèchent à la ligne : d'autres jouent au piquet, en attendant de faire le coup de feu. ... Depuis plusieurs jours les lettres ne partent plus, et les journaux ne peu vent arriver Strasbourg est donc bloque complètement ? Les Prussiens espèrentils s en emparer ? Qu'ils se dépêchent alors, car la France ne permettra pas que les envahisseurs la foulent long temps aux pieds ! On a dû prendre des mesures, en ce moment sans doute, de grandes batailles se livrent, et nous ver rons bientôt i armée prussienne repasser les Vosges en toute hâte ! Nous pourrons alors sortir d’ici pour prendre notre revanche. ... La tète du 11 août ne donne pas lieu a des accès de gaie te, la ville ne tire pas les salves réglementaires du matin ; et vraiment elle peut mieux employer sa poudre. En revanche les Prussiens jettent le soir des obus sur Strasbourg. De temps en temps, quelques coups de canon, le pétillement de la fusillade ; des incendies. L'ennemi n'a que des pièces volantes, il ne peut faire un siégé. Hier 18. le colonel Fièvet. des pon tonniers, a été grièvement blessé dans une soitie. L'affaire a ete, dit-on, bien mal conduite ; sur quatre pièces de canon, trois ont ete prises par I ennemi : Je n'y comprends rien. Si vous n êtes pas en force pour faire des sorties, n’en faites pas. Marc BONNEFOY. (A Suivre)...

À propos

Fondé en 1911, quarante ans après la guerre franco-prussienne de 1870, L'Alsacien-Lorrain de Paris est un journal destiné principalement aux alsaciens émigrés à Paris à la suite de la guerre franco-prussienne. Sous la direction de Florent Matter, le journal met en avant actions et propos pour une réintégration de la région au sein du territoire français. En 1922, le journal est absorbé par La Revue du Rhin et de la Moselle.

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