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L’Assemblée nationale, 29 mai 1856

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L’Assemblée nationale
29 mai 1856


Extrait du journal

secrètes tristesses au fond de ces âmes un moment rapprochées par une commune joie! Que de deuils dans ces réticences ! que de pages déchirées dans ces récits ! Ambitions trompées, amours évanouies, enthousiasmes éteints, illusions perdues, fortune dissipée, consciences ternies, affections brisées, vague mécompte des jours de la prospérité, regrettant les jours de l’espérance, convives ab sents, recrutés par la mort, tous ces fantômes, douloureux ou railleurs, viennent, comme le spectre de Banco, s’asseoir aux places vides, devant cette nappe couverte de fleurs, de cristaux et de candélabres. Heureusement, la légèreté humaine est là ; elle verse l’oubli à la surface des cœurs et des verres, et toutes ces larmes mystérieuses se noient dans du vin de Champagne ! C’était la première fois, depuis sa sortie de l’Ecole de Droit, que Félix Daruel prenait part à cette fête annuelle. Aussi fut-il peu remarqué d’abord ; car il y avait, parmi les convives, des noms illustrés dans la politique et dans les arts, dans les finances et dans les lettres. Mais il venait d’y retrouver ceux de ses anciens camarades que nous avons vus, au début de ce récit, allant frap per à sa porte, et avec lesquels, par un de ces hasards très-fréquents à Paris, il n’avait pu, de puis son arrivée, échanger que des cartes. Le di plomate et le secrétaire-général, le directeur de Revue et le directeur du Théâtre-Français (1), lui témoignèrent aussitôt les sympathies les plus vi ves ;" ils le présentèrent à d’autres amis qui ne le reconnaissaient plus ou qui avaient fait leurs clas ses à une autre époque. Le dîner, un peu froid d’abord, comme le sont presque toujours, au pre mier service, les réunions de ce genre, ne tarda pas à s’animer. Le menu était exquis ; les vins excellents ; les fronts se déridèrent, les bouchons sautèrent, les bons mots jaillirent, et, au bout d’uue heure, grâce à l’expausion familière h l’esprit français, chacun de ces personnages, guindés et sérieux au début, éprouva le besoin de (1) Pures abstractions, l’auteur ne saurait assez Je ré péter....

À propos

La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.

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