Extrait du journal

La Résistance c9est la France par Maurice SCHUMANN PENDANT que Mussolini, indigne même de la mort d’un Néron, hurlait : « Non ! Non ! « à ses justiciers; Pendant que Hitler cherchait un refuge dans la mort ou, peut-être, son salut dans la métamorphose; Pendant que Himmler implorait la paix au lieu d’implorer son pardon, Les Français et les Françaises faisaient leur métier de vain queurs. « Etranges élections ! me disait quelqu’un. On ne rencontre que des gens contents. » L’ironie n’est pas sans profondeur. En effet, ceux qui ne sont pas contents ont perdu jusqu’au droit de montrer leur déconfi ture. Ils sont condamnés à l’enfouir dans le secret du fort de Montrouge, ou à l’entraîner, de frontière en frontière, dans leur fuite contre le Destin. Mettérnich finit sa carrière en se cachant dans la voiture d’une blanchisseuse. Où Laval trouvera-t-il un dernier paquet de linge sale pour cacher sa honte et son magot ? Mais, en rendant la parole au peuple français, le général de Gaulle ne lui a pas fourni seulement l’occasion d’expulser, pour ainsi dire, de son avenir et de son histoire la poignée de mal heureux qui, par haine de la liberté, s’étaient juré d’exclure la France de la victoire. Il a, par surcroît, éveillé l’écho, répercuté par des millions de voix, des paroles prononcées par sa propre voix dès le U novembre 1942 : « La France sait ce que lui coûte un régime SOCIAL et moral sclérosé dans lequel la patrie se vit successivement négligée par des masses exploitées, puis trahie par des coalitions de trusts et de gens en place. Elle entend cons truire chez elle un édifice social et moral dans lequel chaque indi vidu pourra vivre dans la dignité et dans la sécurité, où nul monopole ne pourra abuser des hommes, ni dresser une barrière contre l’intérêt général. » Que la France ait ratifié l’esprit et l’oeuvre de la Résistance; Qu’elle entende — selon le programme commun du Conseil National de la Résistance — inscrire la Révolution dans la loi, Aucun signe n établit mieux cette double vérité que l’essor du Mouvement Républicain Populaire. Jamais l’histoire politique de notre pays n’avait enregistrés promotion si rapide. Mais jamais non plus une force aussi neuve n’avait surgi d’un drame aussi profond. Sans doute les hommes qui l’ont constituée dans la bataille clandestine sont-ils les héri tiers d’une longue et noble tradition. Ce n’est pas d’hier que les meilleurs des incroyants et des croyants ont choisi pour vocation de réconcilier l’Evangile et le peuple. Mais voici que, pour la première fois, se dessine « la grande trouée » dont parlait naguère notre Marc Sangnier. C’est à la grande famille spirituelle qui sut la pratiquer et qui saura l’élargir qu’incombe le devoir de proposer sans retard l’union, au second tour de , ...