Extrait du journal

Jamais encore le général de Gaulle n’avait pro noncé de discours aussi violent que celui qu’il a adressé lver à ses partisans. Il faudrait sans doute remonter au fameux « crachat dans la mer » pour trouver quelque chose d’approchant. Le « crachat dans la mer », c’était l’expression insultante lancée au visage des partis de gouvernement après le grand succès électoral remporté par le R.P.F. aux élections municipales. La « vague avait commencé de déferler » ; plus rien ne l’arrêterait ». C’est peut-être parce que la vague, au lieu de s’enfler, est en train de refluer que le général de Gaulle, parlant à des troupes déçues, voire même envahies par le doute, en a été réduit à hausser le ton comme il l’a fait. L’expression qui a scandé son discours, revenant comme un leitmotiv, est celle « d'équipe de la médiocrité » appliquée aux hommes qui tiennent actuelle ment les rênes du pouvoir. Plu sieurs de ces hommes furent, aux temps héroïques, des collabora teurs du général de Gaulle. Leur chef actuel, M. Quéuille, occupa lui-même à Alger d’importantes fonctions ministérielles. Faut-il en déduire que le général de Gaulle s'entourait de médiocres ou qu'il suffit qu’il soit lui-même à la tête du gouvernement pour quà ses côtés le plomb vil se transforme en or pur ? Il serait facile aussi, si l’on avait du goût pour la polémique, de regarder ceux qui entourent actuellement le général et qui forment en quel que sorte l’équipe de remplace ment. Les « médiocres » d'aujour d'hui seraient certes en droit de penser : modestes quand nous nous considérons, mais fiers quand nous nous comparons. L’équipe de la « médiocrité » est aussi, à en croire le général de Gaulle, l’équipe du « chloro forme ». Autrement dit, elle cherche à endormir le pays à le tromper sur le véritable état de ses affaires ; elle pratique, en un mot, une politique d'illusion et de (Lire la suite en 4* page, 4* cotonne.)...