Extrait du journal

Au delà des cantons LES uns après les autres, les prix viennent d’atteindre un nouveau palier, suivis plus lentement par les salaires. Bien sûr, depuis la guerre de Corée, tous les pays, même ceux contrôlés par la main de fer de la planification soviétique, sont menacés par les consé quences de l'inflation. Cependant, nous sommes obligés de constater avec tristesse que. tandis que la hausse des prix se limitait à six pour cent aux Etats-Unis, neuf pour cent en Angleterre, trois pour cent en Suisse, elle atteignait chez nous la moyenne de trente pour cent. L'on mesure maintenant l’intérêt primordial qu'il y aurait eu à pren dre dès février dernier les mesures énergiques réclamées par Robert Buron. Les lamentations de « L’Aurore » ou du « Figaro » sur la dépréciation du franc n’enlèveront pas les responsabilités qui pèsent sur ceux qui, à l’époque, criaient sur tous les toits : « Réforme élec torale d'abord î » Mais il faut maintenant « faire face ». car la situation sociale peut rapidement se tendre lorsque les travailleurs auront une nouvelle fois constaté que leurs douze ou quinze pour cent ont fondu comme neige au soleil. Si le parti communiste n’était actuellement occupé à tenter une grande manœuvre « d’unité syndicale », nous connaîtrions un climat d'agitation. Le gouveri>ement n’a pas le droit d’attendre que les ouvriers soient obligés d'employer la grève pour tenter de garantir leur pouvoir d'achat. Des mesures économiques cohérentes favorisant l’augmentation de la production, la loi sur les ententes industrielles, la réforme fiscale, constituent les garanties de la paix sociale. Elles sont à prendre sans retard afin de donner une impulsion plus vive à l’économie et de canaliser les facteurs d’inflation. C’est en même temps qu’une question de justice, une question de défense. Dans le cas où la majorité républicaine se montrerait incapable de faire front, elle se trouverait emportée par une vague de méconten tement poussant le pa>*t vers les extrêmes. Déjà le R.P.F. fait des sondages en vue d’une majorité de droite et les communistes tentent de lier à eux les militants ouvriers les plus dynamiques. Les hommes qui. depuis 1946, ont assuré, par leur union, la sécu rité et le redressement du pays, déclareront-ils forfait ? C’est cette perspective nationale, dont les répercussions dépassent d’ailleurs largement nos frontières, qui éclairera le second tour des élections cantonales. Naturellement jouent les considérations locales et le choix des hommes. Aux électeurs de comprendre qu’ils doivent tenir compte, avant tout, de l'intérêt national et de la sauvegarde de toutes les libertés. Pour les républicains, le salut du pays et de la démocratie surpasse les injonctions des groupements économiques, sociaux ou culturels. Puissent-ils le prouver dimanche, en accomplissant leur devoir civique. l'aube...