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L’Aube, 15 avril 1933

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L’Aube
15 avril 1933


Extrait du journal

N'v a-t-il pas quelque danger à préconiser une réduction du taux de certains impôts alors que le budget de la France est dans une telle situation que notre ministre du Budget se refuse — et cette mesure me semble très sage — à 1 équilibrer en une seule année 11 s’agit de savoir si l’augmen tation nouvelle des impôts, ou même le maintien du taux de cer taines taxes, comblera tout ou partie du déficit ou si, au con traire, l’excès de fiscalité ne di minuera pas le rendement espéré. Je pense qu’il en est ainsi et je ne suis pas seul à la Chambre à penser de la sorte. Mais alors, m e direz-vous, pourquoi ne vous élevez-vous pas contre toute mesure tendant à alourdir notre fiscalité ? La réponse est facile. Nous venons d avoir la preuve dans les récents débats à la Chambre que rétablissement d’un budget n’est qu’une opération consistant à mettre du noir sur du blanc, et que le fait d’équilibrer — sur le papier — recettes et dépenses n’impliquait pas fatalement un équilibre réel, cet équilibre étant subordonné à la rentrée normale des impôts, qui peut être influen cée par toutes sortes d’événe ments dans un sens ou dans l’autre. Et dans ces événements, la crise économique actuelle est un des facteurs les plus importants du déficit de nos budgets depuis plusieurs années. Pourtant il est nécessaire de prévoir un chiffre de recettes, s’approchant de celui des dé penses et comme nous suppor tons en 1933 le poids de lourdes échéances, l’établissement d’un budget comporte fatalement des mesures impopulaires. Mais ces mesures sont-elles définitives ? Jusqu’ici il était coutume de dire qu’en France, seul le provisoire dure. Il semblerait que désormais il en est autrement, puisque dans la loi de Finances actuellement en discussion certaines taxes sur les automobiles, votées en février dernier, sont abaissées; nous ne pouvons qu’applaudir à ces nou velles dispositions et c’est ce qui m'engage à faire quelques sugges tions. L’impôt tue l’impôt, dit-on, et je le crois — c’est la raison qui fait que tant de capitaux restent sans emploi. On préfère acheter des lingots d’or que des rentes, avoir un capital improductif mais sta ble. que des valeurs incertaines. El ce sentiment se généralisant, certains industriels pensent pré férable de fermer leurs usines que de continuer une exploitation qui ne leur permet que d’alimen ter le Trésor. Je n’en veux pour preuve que la décision que semble vouloir prendre la Chambre syndicale de la Cinématographie Française. Car il y à aussi une crise du cinéma. Il semble paradoxal, en voyant la foule se presser aux guichets de certaines salles, de dire que la situation du cinéma en France est très compromise. C’est un fait pourtant, et nous allons vers la fermeture, dans un délai très court, d’un très grand nombre de salles, — sinon la to talité — sur toute l’étendue du territoire pendant la période d’été. Quelles sont les raisons qui pourraient faire prendre cette décision aux directeurs de ces salles? Quelle répercussion auraitelle sur nos finances publiques ? Voilà ce que très brièvement je voudrais exposer. De tous les pays du monde, c'est en France que l’exploitation cinématographique est soumise à la fiscalité la plus écrasante. Les chiffres que je trouve dans un rapport établi par la Chambre Syndicale Française de la Cinéma tographie, sont éloquents. En plus des impôts normaux pouvant s’élever à 15 % de la recette, l’exploitation cinématographique française acquitte une taxe sur le droit des pauvres de 10 c/o. une taxe d’Etat sur les spectacles allant de 5 à 25 % suivant les paliers de recettes mensuelles, des taxes municipales, des taxes de publicité, pour enseignes lumi neuses, droits d’auteurs, etc., etc.,...

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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