Extrait du journal

Le vrai problème de l’Ecole En portant uniquement sur les siibventions accordées par Vichy aux écoles libres, tes controverses regrettables de ces six derniers mois ont eu. entre autres fâcheux effets, celui d'égarer l’opinion publique : alors que se pose un vaste et noble problème, ta réorganisation de tout notre enseignement, notre presse renaissante a donné le triste spectacle de n’aborder ce pro blème que par un tout petit côté. Certes les milieux universitaires, mieux placés que tous les autres pour apercevoir l’urgence de la chose, n’ont pas chômé ; nombreux sont les esprits lucides qui, pendant les années où l’ennemi pensait étouffer à jamais notre peuple, ont mé dité sur cette réforme nécessaire. Et depuis le mois de novembre dernier une commission, pré sidée par le professeur Langevin, a travaillé sans bruit mais utilement. Cependant il est temps que le peuple français tout entier — et non plus les seuls professeurs — délaissant les stériles querelles, s'intéresse enfin à cette grande tâche Parmi les « réformes de structure » celle de l'école, comme le disait ré cemment notre ami Teitgen, domine toutes les autres et les commande. Si l’on veut en effet que la France vive, qu'elle reprenne sa place l>armi les grandes nations, qu’elle opère son re dressement, il faut donner à ses enfants — à tous ses enfants, quelle que soit la famille spirituelle i laquelle Us appartiennent — une forma bon qui les prépare l'raiment à la vie de demain, à l’ate lier comme au bureau et dans les champs, dans la famille, le syndicat et la cité comme dans le monde. Sinon. aucune illusion à se faire, la France n’aura plus qu’à céder la place qu’elle a occupée jusqu’ici. Quels sont les principes essentiels qui doivent inspirer cette réforme ? L’école doit devenir vraiment démocratique, faire disparaître tout enseignement de classe et substituer au rang et à la fortune les seuls privi lèges que donnent l’intelligence et le travail. Donc gratuité des études et orientation des enfants suivant leurs véritables aptitudes. L’enseignement devra aiguiller une grande par tie de la jeunesse vers les connaissances techni ques indispensables à la résurrection de notre industrie, l’équipement de notre agriculture et l’organisation de notre commerce. Il _ faut donc envisager pour tous les enfants !

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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