Extrait du journal

Soyons francs. Nous ne croyons pas que l'échec de M. Tardieu et de sa majorité soit une catastrophe nationale. En tout cas, les objurgations et les récriminations serviraient maintenant à peu de chose. Le résultat est acquis. Voyons plutôt quelles peuvent en être les conséquences. Nul doute qu’il y ait, dans une partie de l’opinion, un préjugé défavorable à l’arrivée des radicaux au pouvoir. Que serait-ce, s’il fallait envisager la parti cipation ou le soutien socialiste ! Or, en examinant froidement la situa tion, sous le seul aspect de l’intérêt na tional, il est aisé de constater ce qu'une telle opinion a d’injuste et même de puéril. Les expériences faites, depuis les lendemains de la guerre, ont montré que les hommes d’Etat, quelles que fussent leurs origines, à quelque tendan ce qu’ils appartinssent, éprouvaient de grandes difficultés à gouverner parmi les écueils politiques, financiers, économi ques, dont est semée la route qui mè ne à la paix, au calme, à la prospérité. Le parti radical et radical socialiste contient un grand nombre d’éléments ha biles, compétents, dévoués. Leur patrio tisme, qui n'a jamais été discutable, s est accentué, depuis quelques mois, de touches parfois très vives. Rien ne per met de croire que ces hommes, une fois associés au responsabilités du gouverne ment. en face d’une situation interna tionale préoccupante, renouvelleront les fautes de politique intérieure commises il y a huit ans. Répandre l’alarme dans l’opinion, annoncer la faillite du trésor public, provoquer la panique financière, cela nous paraît un jeu dangereux et même criminel, surtout de la part de groupe ment ou de journaux qui affichent un caractère national. Le programme d’action immédiate ex posé par les radicaux est raisonnable et susceptible de rallier nombre de bonnes volontés. Il tend à réaliser des écono mies, à équilibrer le budget, à garantir la sécurité. Il ne pourra d'ailleurs être mis sur le chantier que grâce à une en tente, à une collaboration avec des grou pes ou des partis voisins, permettant la constitution d’une majorité large et sta ble. M. Albert Lebrun, en public ou dans le privé, fait appel à l’union. Cette voix autorisée sera entendue; elle évitera à de boçs citoyens les erreurs et les re mords de l’opposition systématique....