Extrait du journal

Le soir, vers sept heures et demie, je descends d'un de ces mille trains électriques qui prennent leur source à SaintLazare et arrosent la banlieue sud-ouest. Il y a du monde avec moi. Nous sommes cinq cents à prendre d'assaut la passerelle en dessous de laquelle les grands toits blancs des wagons glissent déjà vers Versailles en emportant le bruit et l'odeur de Paris. Nous montons lentement dans l'ombre. L'œil rouge du train cligne vainement, entre deux rangs d'arbres noirs, en prodiguant les ar-lusiens, qu'il voudrait ironiques, en multipliant les adieux, qu'il voudrait dechirants, de la « ville lumière ». Dès qu il s'éteint, la nuit et le silence des bois nous enveloppent de.toutes parts. Et j ai, chaque soir, le même plaisir à respirer, du haut d'un pont, ces belles ténèbres riches, sœurs de celles qui régnent, pareille heure, sur le Morvan, sur les Vosges ou le Limousin, ou même sur cette Touraine où poussent les plus vraies nuits de France....