Extrait du journal

Tant que les marchands de vins se sont obstinés à prétendre qu’ils n’étaient point des falsificateurs, que le mouillage ne constituait pas une falsification et que la vente des vins naturels, pesant moins de dix degrés, ne pouvait constituer non plus une falsification, ils ont été condamnés avec férocité empans exception par le tribunal de la Seine ; iris lorsqu’ils se sont décidés à allécher sur leurs glaces ou sur les murs de leur établissement une pancarte sur laquelle ils proclamaient hautement que le vin vendu par eux à moins de un franc était mouillé, falsifié, suivant la prétention de Girard, ils ont été déclarés par le tribunal blancs comme neige et plus innocents que l’agneau pascal lui même. Souvent leur vin n’est pas mouillé, mais ils sont obligés de déclarer qu’il l’est quand même s’ils veulent échapper à la répression. L’essentiel, du reste, est qu’ils y échappent. N’a-t-on pas vu des accusés qui, pour sauver leur tête, avouaient des crimes qu’ils n’avaient jamais commis? N’a-t-on pas vu également des conscrits se faire découvrir des maladies qui, pour être imaginaires, no peuvent que nuire à leur établissement définitif, et cela dans l’unique but de se soustraire à quelques mois de service militaire? Les mastroquets ont donc raison d’allécher qu’ils falsifient leur vin, qu’ils le mouillent, quand bien même leur vin serait absolument vierge de l’eau du baptême; ainsi, Girard ne peut rien contre eux....