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L’Avenir de la Mayenne, 21 mars 1915

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L’Avenir de la Mayenne
21 mars 1915


Extrait du journal

Le droit aux victuailles gratuites, c'est pour nous le premier et le plus beau des droits de l’homme, nous répondrait le général. Soit. Nos petits soldats régleront ce compte là avec d'autres ; I heure de la « douloureuse » son nera. Mais cet amour de la ripaille gratuite est un sentiment si puissant au cœur (?) du Boche qu'il se traduit en temps de paix avec la plus grossière et la plus naïve des impudeurs Il nous souvient d'une scène qui se passa à I Hôtel de ville de Francfort au cours d’un Congrès de la presse et mit en joie les jour nalistes français. Le bourgmestre et ses conseillers nous avaient conviés à I Hôtel de Ville à une de ces réceptions alimentaires à l'allemande, où les inviteurs trouvent un prétexte à se gorger de viandes et de vins Pour visiter plus libre ment le palais, d’ailleurs fort curieux, nous arrivons deux ou trois avant l'heure fixée. Dans la salle immense où le lunch était servi, un gros conseiller, tout seul, se penchait avec concupiscence sur les plats odorants, congestionné, tout brûlant de désirs. Notre arrivée parut le déranger beaucoup. Il s'avança néanmoins pour nous saluer — il y avait une dame parmi nous — nous montra avec un sourire épanoui les victuailles, et pro nonça ; « L’est ici qu'on va manger ! » Nous n’étions pas venus pour cela. Et comme nous faisions le tour de la salle, déco rée des portraits des empereurs d’Allemagne, le conseiller n’y tint plus. Il ôta son haut de forme, s’assit commodément et sans offrir un hors-d'œuvre même à la dame, il se mit à dévorer à grandes dents le lunch destiné en principe aux invités Les personnages officiels le trouvèrent dans l’exercice de ses nobles fonctions et n'en parurent pas autrement étonnés. Nous n'avions pu retenir nos éclats de rire et nos confrères avertis firent chorus. Chacun vint s'informer de la digestion de M. le Con seiller, de plus en plus congestionné Et sur le mur, Charlemagne, « notre » Charlemagne empereur (l'Occident, semblait rire avec nous dans sa barbe fleurie de cette scène de « goin frerie ». Mais pourquoi demander aux Boches, mê me en temps de paix, de la délicatesse ? En allemand « delicatcssen » veut dire cochon nerics variées ! I». B....

À propos

Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.

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