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L’Avenir de la Mayenne, 24 janvier 1909

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L’Avenir de la Mayenne
24 janvier 1909


Extrait du journal

droit à des circonstances atténuantes et en supprimant les fauves qui répandent autour d’eux le pillage, l'assassinat, toutes les horreurs des tragiques bar baries. Les Pollet étaient des fauves, avec aggravation d’intelligence. Tout cequ’ils ont fait n’indique pas seulement la pré méditation, mais l’organisation, la com binaison savante et la précaution lon guement cherchée. Pendant près de dix ans, ils ont terrorisé la région du Nord, et le nombre aussi bien que la nature de leurs exploits les rattache à ces chauffeurs légendaires qui, comme les Moneuse et les Salembier, mirent en coupe réglée fermes et villages. Encore, les Pollet avaient-ils, en plus, l’atroce préoccupation de s’attaquer surtout aux vieillards et aux femmes, parce que, comme le disait Abel, « le coup était plus facile $. Un se demande dans quel repli du cœur un homme ayant le moindre sen timent de la justice pourrait trouver un reste de pitié pour de tels misérables. Ah ! certes, l’application de la peine de mort n’est pas d’une esthétique em ballante. Cette machine posée à ras de terre, tapie dans un carrefour étroit et qui se dissimule dans la nuit Unissante ; ce fourgon sinistre ; ces êtres en bourgeron qui vont et viennent à la lueur falote d’une mauvaise lanterne, ache vant de parer la Veuve ; ces condam nés blafards, qui s’essaient parfois à de grossières fanfaronnades, — tout cela n’est pas beau, tout cela est même laid. Mais la question n’est pas que l’appareil d’une exécution soit élégant ou qu'il ne le soit pas. La question est de sa voir si la peine de mort est nécessaire. Demandez cela aux honnêtes gens des campagnes que la bande Pollet visita, et ils vous répondront. Un nous lait rire lorsqu’on abrite sous des prétextes de volonté populaire l’idée de supprimer les exécutions capitales. Jamais le peuple n’a manifesté la moin dre velléité en ce sens. Au contraire, il a trouvé que depuis trois ans on avait eu tort de gracier tant de coupables, et c’est même pourquoi on a été obligé de réagir en en guillotinant quatre le même jour. Que de choses, — pour le dire en pas sant, — baptisées du nom de réformes, on met ainsi sur le compte du peuple, qui a bon dos. Un jour aussi, on s’aper cevra qu’on est aile beaucoup trop loin en donnant à certaines idées de parti l’apparente approbation du sentiment populaire. Ce jour-là, comme pour la peine de mort, il y aura une sorte de réaction. Et pourvu qu’à son tour elle n’aille pas trop loin !... Emile Ferré...

À propos

Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.

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