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L’Avenir des Hautes-Pyrénées, 14 mars 1915

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L’Avenir des Hautes-Pyrénées
14 mars 1915


Extrait du journal

On connaît ce que l’on a justement appelé « la rumeur infâme ». Dès les premières heures de la mobilisation, dans les campagnes surtout, il se trou vait des gens pour chuchoter, pour répéter ce qu'ils avaient entendu dire : « Ce sont les prêtres qui ont fait la guerre; ils ont envoyé de l'argent aux Allemands. » A Châteaubriant, le sous-préfet a dû publier une protestation indignée, et, à Digne, le commandant de la place a dû faire lire un ordre du jour énergique, pour arrêter cette rumeur, où l’absur dité le dispute à l’odieux, mais qui n’en compromet pas moins « l'union sacrée », l’intérêt de la défense nationale. Dans sa Lettre pastorale, S. E. le Car dinal Sevin, Archevêque de Lyon, écrase, d’un mot éloquent et superbe ment ironique, l'ignoble calomnie. Mais il y a des sottises inguérissables et, çà et là, les mêmes propos ou d’autres analogues circulent encore. Il reste des esprits assez simples pour n< pas même penser aux 25.000 prêtres qui sont sur le front, côte à côte avec tous les autres fils de France, exposés à chaque minute à la même mort, et qui ainsi, en envoyant de l’argent aux Alle mands, paieraient des balles et des obus pour se faire tuer ! ! ! Dernièrement encore, à SainteAgathe, dans l’Ailier, un coutelier a jeté cette injure à la face de son curé, qui l'a poursuivi devant le juge de paix et l'a fait condamner. Et sans quitter notre département, les accusations aussi sottes que mensongères qui furent mises en circulation, au len demain du Congrès Eucharistique de Lourdes, ne sont elles pas encore pré sentes à toutes les mémoires?... La mauvaise rumeur n'est pas morte. C'est partout qu’il faudrait lui donner la chasse comme à une bête malfaisante et, non seulement toute la presse, sans distinction de parti et simplement par patriotisme, mais au premier rang le gouvernement, suivant en cela l’exemple du sous-préfet de Châteaubriant, devrait avoir à cœur de la détruire. Car d’où vient-elle? — Si on met la main sur quelque colporteur du bruit, il en nomme un autre, qui à son tour en désigne un troisième... Mais si l’on suit patiemment la piste, on arrive peu à peu dans le voisinage de quelque nid d’es pionnage. La rumeur anticléricale suit le même chemin que les agents alle mands....
L'Avenir des Hautes-Pyrénées (1883-1944)

À propos

Fondé en 1836, L’Écho des vallées est un journal régional publié à Bagnères-de-Bigorre. Il devient La Sentinelle du peuple pour quelques mois en 1848, avant de retrouver son nom initial. Rebaptisé L’Avenir des Hautes-Pyrénées en 1883, le journal traverse la première moitié du XXe siècle avant d’être interdit à la Libération en 1944.

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Données de classification
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