Extrait du journal

Il est peu probable que le gouverne ment ait eu une satisfaction bien vive à la suite du jugement que vient de rendre la peuvième Chambre du tribunal de la Seine, dans le procès de l'abbé Jouin. Le camouflet est sanglant, et la con damnation à IG francs d’amende et aux dépens ne saurait être une compensation suffisante aux leçons méritées que ces magistrats viennent de donner en même temps à nos modernes législateurs et à nos sectaires gouvernants. Lu critique de la loi séparatiste est faite de main de maître : un ou deux attendus la résument; mais c'est la flétrissure la plus énergique dans sa concision d'une législation qui n’a eu qu'un mobile et qu’un but : la désorganisation du culte catholique en France. Attendu que la loi ün 9 décembre 1905 ap paraît comme une loi d’exception exorbitante du droit commun, en ce qu’elle crée un délit spécial aux ministres du culte devenus pour tant par son ellel de simples citoyens. La loi est en ces quelques lignes com plètement analysée, et la formule qui la voue au mépris de tous les esprits hon nêtes est heureusement trouvée. Loi d'exception exorbitante de droit commun ! Pourquoi ? Parce que, d'une part, elle enlève aux ministres du culte le caractère spécial qu’ils avaient eu jusqu’ici vis-à-vis de la loi et, qui créant pour eux une situation particulière, pouvait leur imposer des devoirs et des obligations d’un ordre déterminé; et que, d'autre part, après les avoir fait rentrer dans le droit commun, •t ne les différenciant plus des autres citoyens, puisqu’elle ne veut plus recon naître leur caractère sacré, elle invente immédiatement un délit spécial pour eux, les mettant par conséquent dans une situation plus mauvaise que tous les autres, cela simplement parce qu'ils portent une soutane, au lieu d'un veston. C’est l’aberration la plus complète du sens législatif, le soufflet le plus décisif aux prétendus principes d’égalité qui devraient servir de base à notre cons titution, le démenti le plus significatif à la fameuse Déclaration des Droits de l’homme, dont les premiers révo lutionnaires avaient fait leur Credo intangible et qui, fatalement, par suite de la confusion anarchique à laquelle a mène le bouleversement de toutes tra ditions dans l’ordre moral, est mainte...