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L’Avenir républicain, 11 octobre 1881

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L’Avenir républicain
11 octobre 1881


Extrait du journal

Cachons-Nous Ainsi, c’est toujours la même chose ! Tant qu’on a devant soi six semaines ou un mois, tant que les députés sont dispersés dans leurs provinces on fait le mamamore, on déclare que, puisqu’on est responsable, on doit être libre ; on donne rendez -vous à ses adversaires pour le jour solennel où l’on rendra des comptes et, en attendant, on se permet toutes ses petites fantaisies ministériel les, agrémentées do quelques sottises. Puis quand approche le quart d’heure de Rabelais, quand la salle des PasPerdus commence à être un peu moins déserte, quand on aperçoit par-ci par la la silhouette de quelques élus du suf frage universel, on lâche pied, on cher che les portes de derrière, on tourne le dos et on s’évade piteusement. Les Fourtou et autres fiers-à-bras du mi nistère de combat ont déjà fait cette fin. A l’heure de la dernière bataille, le cœur leur a manqué, et ils ont disparu dans la coulisse où le vote de flétrissure a été les chercher. M. Jules Ferry, dont le dossier est assurément moins chargé, aurait pu, sans être un héros, affronter cette Chambre dont il s’est bien un peu moqué. Mais son assurance, qui n’est cependant pas mince, n’a pas été jus que-là. Depuis huit jours, son unique préoccupation est de trouver un pré texte pour disparaître et, rapprochement triste en vérité, l’homme des Vosges fi nit en fuyard comme l’homme de Ribérac! C’était bien la pejne cfe nous faire des théories sur l’énergie des hommes de l’Est. A vrai dire, il ne nous déplaît pas de voir que les capitaines Fracasse de la politique prennent aisément la fièvre en face de la souveraineté nationale per sonnifiée dans les députés II ne nous déplaît pas que ceux qui affichent une grande arrogance quand ils exercent un pouvoir sans contrôle, soient les plus humbles et les moins crânes dès qu’ils trouvent à qui parler. Ce spectacle fait juger les hommes et, pour le quart d’heure, on peut bien dire que M. le président du conseil perd par celle dé faillance le seul litre qu’il pût avoir à faire partie d’un nouveau cabinet. On disait de lui que, s’il lui manquait beau coup des qualités d’un homme d’Eiat, l’esprit politique notamment, il en avait du moins le courage. On le disait avant le sauve-qui-peut d’aujourd’hui : mais pourra-t-on le dire après ? Au reste, si M. Jules Ferry a cru sauver quelque chose par cet abandon de lui-même, s’il s’est figuré qu'il pour rait renaître, diminué moralement et matériellement, dans une combinaison nouvelle, on peut déjà voir qu’il s’est trompé et que la faute grossière qu’il vient de commettre ne sera point ran gée au nombre des fautes heureuses....

À propos

Lancé en 1872 à Troyes, L’Avenir républicain est, sans surprise, profondément républicain, convaincu que « la République est le seul gouvernement juste et rationnel », selon son programme. Mais pâtissant d’une constante instabilité rédactionnelle – rares sont les rédacteurs en chef qui y restent plus d’un an – le journal disparait au bout de dix ans, en 1882.

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