Extrait du journal

Depuis quelques années, nombre de directeurs, — et d’auteurs, témoignent du mépris pour la. critique. Ils n’admettent pas que nous puissions ne pas admirer toutes les pièces qu’ils nous présentent. Si nous prodiguons les louanges, nous sommes de tins connaisseurs. Si nous faisons des objections, nous devenons des crétins, ou plutôt de perfides ennemis ; nous obéissons à des motifs personnels ; nous poursuivons une obscure vengeance. Invoquant ce grand principe : « Charbonnier est maître chez lui », le directeur ne nous invite plus, l.es confrères ne peuvent faire acte de solidarité avec celui qui est ainsi frappé. Ils doivent, en effet, apporter leurs articles aux journaux qui les emploient. Il faudrait faire intervenir le Syndicat de la Presse, dont la. dignité et les droits sont en cause. Ce serait difficile, parce que le directeur du théâtre est un client. Il doit accepter le libre jugement du critique, mais il fait publier des réclames qui vantent la beauté de la pièce, sévèrement critiquée. La situation est irritante. Tout s’arrangerait aisément si la critique était vénale, comme jadis, mais elle ne l’est plus....