Extrait du journal

Un livre vient de paraître, dû à M. Gilles Normand, et que celui-ci a bien voulu m’envoyer. Cela s’appelle la Conscience professionnelle, et j’avoue que je n’ai point eu loisir encore de lire ce livre. Toutefois, à le feuilleter, j’ai vu que M. Gilles Normand s’y préoccupait * de l’atrophie, de la mort et de la résurrection » de cette « conscience professionnelle .», battue par la « vague de paresse », elle-même engendrée par la ■ vague de jouissance ». Chercher le nom de l’océan d’où partent ces vagues nous conduirait trop loin. Il faudrait pénétrer assez avant dans l’Histoire, dans la Métaphysique et. sans doute, aussi dans le Mystique... Très probablement aussi étudier l’ensemble des perturbations, tant morales que sociales, apportées dans le monde par les grandes découvertes scientifiques... Mes desseins sont plus modestes. Le titre du livre de M. Gilles Normand a suffi à réveiller en moi le souvenir d’une série de rapports bien pittoresques que j’eus avec les Compagnons... ces Compagnons qui ont pour raison d’être précisément la « conscience professionnelle », l’amour du « beau travail », ces Compagnons dont on pense généralement qu’ils n’existent plus, et dont le nom seul évoque des temps à jamais périmés... Les « Gants », les « Devoirants », le « Tour de France », les « Compagnons passants-charpentiers », autant de choses, de termes qui semblent appartenir à des époques et à des mœurs lointaines, autant de choses et de termes auxquels il semble que les batailles syndicalistes d’aujourd’hui confèrent un goût du passé définitivement aboli....