Extrait du journal

de jcet inconnu, et sa fierté blessée fut lente à se redresser. Elle remonta dans sa chaçibre ; dès qu’elle y fut enfermée, elle tomba à ge noux près de son lit et fondit en larmes. Toute la journée s'acheva ainsi dans un désespoir indéfinissable ; quand à tra vers ses sanglots, elle cherchait une for mule pour le chagrin qui l’accablait, elle n’en trouvait pas, et pleurait, sans autre cause que le besoin de pleurer. Plusieurs fois on l’appela, dame Cunégonde vint frapper à sa porte ; elle refusa obstinément de descendre, et M. Thyrnau, indulgent pour une mélancolie dont il croyait deviner la cause, défendit qu’on la dérangeât. Lorsque la nuit fut venue, Magda monta sur la plate-forme de la tourelle qu’elle habitait, pour donner de l’air à sa poi trine oppressée. La forêt sombre et si lencieuse parut lui tendre les bras, l’at tirer, l’envelopper et l’embrasser. Elle passa plusieurs heures, assise, ou plutôt renversée sur l’appui de la plate-forme, les yeux perdus dans le ciel étoilé. Le sommeil la surprit à cette place dangereuse. C'était moins le sommeil qu’une sorte de fascination exercée par la majesté de la nuit, par la contempla tion prolongée des étoiles. Le soleil la ré veilla par un rayon caressant qui passa sur son front. Elle fut surprise de se trou ver, à cette heure, dans cet endroit. Ses vêtements étaient mouillés par la rosée ; tous ses membres délicats avaient une lourdeur et une raideur menaçantes. Elle eut besoin de marcher pour dissiper son engourdissement, pour réchauffer le sang qui circulait avec peine dans tout son petit corps endolori. Elle descendit dans sa chambre pour s’y changer, et, après une ardente prière, remonta sur la plale-forme, d’où elle gagna...