Extrait du journal

Le mois dernier, M. Thiers prenait vingt-deux verres d’eau par jour à Vichy. Il se croyait obligé 1 d’avoir une maladie de foie, comme Napoléon et M. Emile Marco de Saint-Hilaire. Aujourd’hui il est parfaitement guéri ; nous l’a• vons vu remonter en berline et prendre la route d’Espagne, précédé d’un courrier. Les journaux ont paru frappés de la présence de ce courrier. C’est en core un usage que M. Thiers a pris à Napoléon et à M. Emile Marco de Saint-Hilaire, qui a la manie de 1 voyager précédé de deux courriers. Que va-t-il faire en Espagne ? Les uns prétendent que les deux reines de la vieille , Ibérie l’ont invité aux fêtes de Pampelune. Les autres soutiennent que Narvaez l’a supplié de venir passer quelques jours auprès de lui, afin de lui donner des leçons de gouvernement en partie double. Ceux-ci affirment qu’il est chargé de négocier un projet d’alliance matrimoniale entre la reine d’Es pagne et le jeune prince de Monaco. La dot ne sera pas payée en gros sous. Ceux-là jurent leurs grands dieux que M. Thiers n'a d’autre but que celui de se présenter dans la lice en compagnie de MM. Decazes et Mercier, toréadors de l’ambassade française. M. Thiers veut se passer la fantaisie d’immoler quelques taureaux. Tous les genres de gloire le séduisent. Aucun de ces motifs n’est le véritable. Comment 1 supposer que M. Thiers, qui écrit en ce moment l’histoire de l’Empire, se rende en Espagne dans le but frivole de damer le pion à M\l. Decazes fils et Mercier? 11 ne peut avoir qu’une seule intention, celle i de visiter les champs de bataille. C’est là maintenant l’unique occupation de M. Thiers. On remarque seulement qu’en fait de champs debataille, il explore volontiers ceux qui sont le plus connus. C’est ainsi qu’il a soigneusement visité l’I talie et l'Allemagne; c’est ainsi que maintenant il voyage en Espagne. Il s’est bien gardé, le jeune scé-...