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Le Charivari, 8 juillet 1858

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Le Charivari
8 juillet 1858


Extrait du journal

„ : V'i'V Ce n’est pas en France, dieu merci, que sêlrouve cette maison, mais à Bruxelles dont elle est la ter reur. Il n’est pas question de bière mais de politique dans ce sinistre logis qui est devenu le repaire des libres-penseurs belges. Autrefois les brasseurs s’y réunissaient, on n’y en voit plus un seul aujour d’hui ; tout porte à croire que les libres-penseurs les ont dévorés, cependant nous ne donnons pas le fait comme certain, quoiqu’il soit très probable. Ne calomnions personne, pas même les démago gues. Quoi qu’il en soit, les brasseurs ont disparu et leur maison est devenue le centre de réunions qui jettent l’épouvante dans l’âme de tous les honnêtes gens. Notre correspondant de Bruxelles nous écrit à ce sujet une lettre des plus lamentables. Monsieur, nous dit-il, le parti-brasseur, car c’est ainsi qu’on appelle ces gens-là en Belgique, vient de faire un nouveau tour de sa façon. Sous prétexte de prendre part aux élections, il s’est constitué en association électorale et il a mis en avant la candidature d’un avocat, M. Defré. Cet avocat, homme sauvage et qui a juré la destruc tion de la société, est depuis longtemps un juste sujet d’effroi pour tout le monde. Lorsqu’une af faire l’appelle au palais, il a l’habitude de se pré senter devant le tribunal avec un sabre au côté et une paire de pistolets à sa ceinture. Il plaide et sa péroraison est invariablement celle-ci : — Messieurs les juges, voilà ce que j’avais à dire dans l’intérêt de mon client. A présent je vous avertis d’une chose, c’est que si vous ne me donnez pas gain de cause, je vous brûle la cervelle à l’instant même ! Un jour il fit mieux; l’affaire dans laquelle il avait plaidé fut mise en délibéré et le jugement renvoyé à huitaine. Au jour dit, le farouche Defré reparaît à l’audience et tient à peu près ce langage: Messieurs les juges, je ne sais si vous avez mis à profit la huitaine qui vient de s’écouler; quant à moi je n’ai pas perdu mon temps, je l’ai employé à miner le Palais de justice, de sorte que si l’arrêt ne m’est pas favorable, un de mes affidés est là qui attend pour mettre le feu à la mine ; nous sautons tous de compagnie. Voyez à présent ce que vous avez à faire !...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • defré
  • partoes
  • clément caraguel
  • bruxelles
  • colbert
  • paris
  • belgique
  • france