Extrait du journal

Du boulevard des Italiens, Dimanche 9 juin 1878. Monsieur le rédacteur, Eh bien! ça y est, cette fois, pour tout de bon. Le congrès n’est plus une ebimère, comme l’or de M. Scribe, puisqu’il doit se réunir le 13 à Berlin. Cette nouvelle nous est arrivée en même temps que celle de l’attentat dont l’empereur Guillaume a été victime. Ce crime abominable a produit, à la Bourse comme partout, une indignation pro fonde, mais il ne pouvait exercer aucuns influence sur les affaires. La nouvelle du congrès seule a eu l’effet auquel il fallait s’attendre. Elle arrivait bien au moment de la liquidation des valeurs qui a eu lieu lundi de la façon la plus brillante, avec des reports très-modérés, quoique un peu plus élevés qu’aux liquidations précédentes. Si les diplomates ne sont pas contents de la façon dont on salue leur prochaine réunion, ils seront difficiles. Quant à ces malheureux vendeurs, dont on peut dire que la diplomatie a été en défaut, ils ont reçu définitivement le coup du lapin. On a appris vendredi, d’une façon officielle, l’é tendue des pertes de la liquidation ; car, ce jour-là, agents de change et coulissiers règlent entre eux leurs comptes. Celte dure opération s’est faite avec une régularité qui touche au sublime. Les soldes s’élèvent à pas mal de millions, dont une bonne partie a dû sortir des caisses des agents et des coulissiers, beau coup de leurs clients ayant trouvé bon de ne pas payer leuis différences. Perdre des millions dans une liquidation et faire parfaitement honneur à ses affaires, cela prouve que la place de Paris a les reins solides, et doit donner une haute idée de ses forces financières. Les perdants sont très - nombreux, surtout parmi les petits spéculateurs. À part quelques gros bonnets, le Crédit lyonnais et la Banque de Paris, tout le monde a perdu. Mais trêve aux regrets, les morts sont morts ; les gens ruinés s’imaginentils, par hasard, que les gagnants vont consacrer leurs millions de bénéfices à les indemniser de leurs pertes? Depuis la liquidation. Les bonnes dispositions du mars hé se sont main tenues mardi, le lendemain de la liquidation, et nos fonds ont repris le mouvement ascensionnel inter rompu par la petite réaction de la fin de la Bourse de samedi dernier. Mais mercredi, les acheteurs ayant voulu essayer de réaliser des bénéfices tant sur les Rentes que sur certaines valeurs, les cours ont fléchi. Comme je vous le disais dans ma dernière lettre, si nos Rentes ont atteint des cours si élevés, c’était surtout le résultat des rachats du découvert. Et j’a joutais qu'une fois les vendeurs rachetés, il devien drait difficile de trouver une nouvelle couche d’a...