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Le Charivari, 10 novembre 1862

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Le Charivari
10 novembre 1862


Extrait du journal

Notre excuse est la rareté do l’argent, et notre petite spéculation à la baisse ne s’en portera que mieux. Du reste je m’engage à me contenter du taux le plus haut et à ne pas exiger le moindre centigramme de la chair des reporteurs. Séparons-nous maintenant et n’ou blions pas le mot d’ordre : Usure et discrétion ! Benjamin et Loulou, ; Ce mot n’a pas été tellement tenu (secret que le mau vais vouloir des marchands d’or et leur tactique n’aient paru tout de suite au grand jour. Pendant que herr Shylock et ses acolytes font les morts, la rue Laffitte, quand on lui parle de report, fait semblant de ne pas savoir ce que ce mot veut dire. — Report sur les Lombards ? — Moi pas connaître. — Report sur le Nord ? — Moi pas savoir. Devant cette obstination, les acheteurs qui croient à la hausse des valeurs qu’ils ont achetées en spéculation sont obligés de fléchir. Les reports s’élèvent à des proportions gigantesques. On fait jusqu’à 10 fr. sur le Mobilier et 8 fr. sur le Nord ; sur toutes les valeurs la tension est en pro portion. Je cite particulièrement les deux premières, par ce que l’un est le Benjamin de la place Vendôme, et l’autre le Loulou de la rue Laffi te. On prétend que celleci est furieuse contre les agens de change du report de 8 fr. qu’ils ont infligé à Loulou, 8 fr. sur le Nord qui vaut 1,000 fr., c’est bien plus cher que 10 fr. sur le Mo bilier qui en vaut 1,200. N’est-ce pas d’ailleurs la faute de la rue Laffitte si son Loulou a reçu ce léger atout ? N’est-ce pas elle qui a poussé son compatriote Shylock et ses respectables amis à surélever les reports, d’abord pour tirer un gros intérêt de son argent, et ensuite pour ébranler les acheteurs, enfin pour réaliser sa spéculation à la baisse ? Si Loulou a laissé un bout de sa queue dans la bagarre, tant pis pour Loulou. Nos gaillards, du reste, avaient pris leurs précautions, car il paraît que deux jours avant cette liquidation mé morable ils s’étaient fait reporter des Mobiliers à 4 et 5 fr. pour pouvoir les reporter ensuite sans débourser un sou et gagner ainsi la différence du prix. Le moment est venu maintenant de placer mon anec dote. Baron par-ci, comte par-là. Le mois dernier, lorsque la rente monta à 72 20, les gens bien informés attribuèrent cette hausse à la pro messe d’une chasse à la suite de laquelle un baron alle mand devait cumuler celte qualité avec celle de comte français. La partie de chasse devait avoir lieu à Ferrières. Je vous donne cette anecdote sous toute réserve, quoi qu’elle ait figuré dans plusieurs journaux des départemens et même de Paris. Cette partie de chasse, qui n’a pas eu lieu, serait-elle pour quelque chose dans la cherté des reports ? Mais revenons à la liquidation. A la veille de la reprise de la Muette, ne craignons pas do chanter gaiment : La barcarolle du haussier. Ami, ami, la rente est belle, Dans la coulisse assemblez-vous! Montez gaîment votre nacelle, Des baissiers bravez le courroux ! Garde tes valeurs en silence, Haussier, parle bas, (bis.) Le Mobilier ne te trompera pas....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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