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Le Charivari, 11 mars 1843

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Le Charivari
11 mars 1843


Extrait du journal

LE PLAIDOYER DE Jl‘ “ MAXIME. C'est aujourd’hui, vendredi 10 courant, qu'a été appelé devant le tribunal le procès de Mlle Maxime contre M. Victor Hugo. Si la cause n'avait pas été remise, la deman deresse devait porter la parole. Nous avons été assez heureux pour nous procurer copie du discours qH’elle se disposait à prononcer. Nos lecteurs reconnaîtront sans peine que l'actrice tragique s’est inspirée avec un grand bonheur des classiques imprécations de Camille. (Voir Horace, acte iv, scène v.) « Messieurs les magistrats qui tenez l’audience, Empêchez, je vous prie, un grand scandale, immense, Un scandale sans borne, un scandale géant!.,. Sinon je tape dur, et gare de devant ! » Ah ! parce que je suis simple pensionnaire, A quatre mille francs pour unique salaire ; Parce que je suisjeunc et sans beaucoup d’acquit, On me vexe, on m’ennuie, on m’emb... et c’est à qui Mc tyrannisera, moi, pauvre jeune fille. Qui n’ai qnc le public pour ma seule famille ! Nom de nom ! nom de nom ! ça me lasse, et beaucoup ! Aussi je me révolte et l’agneau se fait loup. » Messieurs, ayez pitié de ma douleur cruelle ! Ah! rendez-moi ce rôle où je serais si belle... Cc grand rôle que j’ai répété trente fois... A débiter ces vers j’ai fatigue ma voix ; Pour me désenrliumer, dix francs de sucre d’orge Ont à peine sulli, tant j’ai mal à la gorge! Qui me remboursera de ces dix francs perdus, Si l’on ne me rend point ces vers que je n’ai plus;* Pour faire le trajet jusqu’à la Comédie J’ai pris maints omnibus,—manquant de parapluie. Cet argent dépensé, tant de six sous partis, Qui donc me les rendra ? ce sont là des soucis 1 0 soucis! ù six sous ! Souvenir détestable Que je traîne après moi, partout, au lit, à table. Qui me poursuit le jour, qui me poursuit la nuit, Et qui m’enlève tout, excepté l’appétit ! » Si vous saviez, messieurs, comme j’eusse été crâne... Mais, bah ! le comité du théâtre est un âne ! Mon portier, qui m’avait surprise en répétant, Vous pourrait, au besoin, attester mon talent. Cet homme, vieux soldat et grognard de la Vieille, Qui perdit une jambe en Russie, une oreille En Egypte,— sur qui le sabre et le canon Ont imprimé partout leurs traces... Eli bien! non... Non, cet homme, que rien n’éineut plus dans ce monde, Ne pouvant résister à ma beauté profonde, S’cst pris à m’admirer avec tant d’abandonj Qu’il oubliait souvent de tirer le cordon ! » Je demande à jouer devant les pairs de France, Devant les députés et devant la Science ! Je veux qu’on réunisse en un grand tribunal Et le peuple et l’armée et le timbre royal ! Qu’on aille me quérir tous les sergensde ville Avec les employés de la Liste-Civile.., Que le pompier assiste à mes scéniques jeux... Qu’on les amène tous... il le faut! je le veux! » Vous le voyez, messieurs, la colère m’égare. Ainsi, depuis un mois, je cours sans crier gare ! Et je crois, par instans, que ma tète s’en va. O juges, souffrez donc, pour clore ce débat,...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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