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Le Charivari, 17 juin 1853

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Le Charivari
17 juin 1853


Extrait du journal

DISCOURS EN FAVEUR DE LA GUERRE PAR UN JOURNAL CHRÉTIEN. Depuis que l’on a l’espoir du maintien de la paix, M. Laurentie est de fort mauvaise humeur contre les puissances. Sous quel prétexte en effet demander le rétablissement de l’ordre de Malte, lorsque tout le monde sait et voit que nous n’aurons pas la guerre ? Comptant se faire bientôt armer chevalier, M. Lau rentie avait découvert l’armet de Mambrin, après de longues recherches, chez un marchand de curiosités du quai Voltaire, et il avait fait de grands sacrifices pour s’en rendre propriétaire. Argent perdu ! Le désappointement de M. Laurentie s’est traduit par une vive diatribe contre la paix. Il ne faut pas se le dissimuler, dit-il, nous som mes une race dégénérée et, la preuve, c’est que le seul mot de guerre nous fait peur. Nous n’aimons pas la guerre, nous ne voulons plus de la guerre ; la seule vue d’un fusil nous fait tomber en syncope. Dans les rues de nos villes, les citadins ne portent plus l’épée; une badine suffit à leur main efféminée. Qui rencontre-t-on sur nos routes? de paisibles campagnards montés le plus souvent sur un âne jambe de ci, jambe de là et s’en allant au marché; mais pas un seul chevalier errant monté sur un puis sant cheval et bardé de fer. Certes, la paix a son charme et même son utilité, continue M. Laurentie, car il serait impossible de labourer, de semer et de récolter dans un état de guerre perpétuel ; il n’y aurait plus de société pos sible et la terre serait bientôt dépeuplée par la fa mine. Cependant pour que la paix soit bonne, il ne faut pas qu’elle dure trop, parce qu’alors l’homme s’énerve dans les délices d’une molle tranquillité. Il contracte la funeste habitude de tenir à sa maison, à son champ, à sa femme, à ses enfans ; il se lie d’a mitié avec son voisin et ne se décide plus tard qu’a vec répugnance à lui percer le flanc. Ce n’est pas après tout une si mauvaise chose que la guerre, quoi qu’en disent les philosophes, les con grès de la paix, M. Cobden et M. Burrit. Une côte cassée est et sera toujours un bon argument. La rhétorique n’est point à dédaigner, mais le canon ! Arranger une affaire à l’amiable c’est fort bien, mais ne pas l’arranger du tout et en venir à la lance, à l’épée, au sabre, au pistolet, à l’arquebuse, à l’arc, à la fronde, c’est encore mieux. Prendre les gens par...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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