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Le Charivari, 18 février 1865

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Le Charivari
18 février 1865


Extrait du journal

LE DISCOURS IMPÉRIAL. Tous les ans, à cette époque, rien n’est curieux comme d’observer l’attitude des journaux à la suite du discours prononcé par l’empereur à l’ouverture des chambres. Le Constitutionnel allume des lampions sur toute sa façade et tire un feu d’arlilice sortant des ateliers de la maison Rüggieri-Limayrac. Le feu d’artifice est connu d’avance. Les lampions sont toujours les mêmes dans lesquels on remet un peu de combustible. Le Pays, qui emboîte le pas derrière son aîné, — non passibus œquis, — remplace, suivant ses petits moyens, les lampions par des chandelles et les soleils par de simples pétards. Mais au fond la bonne intention y est. C’est tout ce qu’il faut. La France dodeline la tête de droite à gauche, en ar rière et en avant, de sorte qu’il est impossible de savoir si elle dit oui ou non, si elle ne dit ni oui ni non, si elle dit oui et non. Cette attitude en partie triple étant tour à tour à l’ordre du jour dans les bureaux de rédaction du vi comte, il n’y a pas de raison pour que la France change d’attitude dans la circonstance. La Patrie a des formules admiratives, mais conte nues , complimens d’étiquette avec une pointe de ré serve. La Presse fait son jeu de courtisan du Danube. En apparence des regrets pour la liberté mais a côté de cela des éloges adroitement semés au coin des para graphes. Enfin les journaux de l’opposition libérale commen tent et critiquent en tâchant d’éviter le Charybde de l’avertissement et le Sylla du communique. Mais ce qu’il y a de vraiment comique, tous les ans à pareille époque c’est la colère sourde et contenue des feuilles clérico-légitimistes. Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bientôt pris quatre. 11 n’est pas de petits soins et d’égards, de privilèges et d’attentions dont on n’ait entouré le clergé depuis 1851. Mais tant qu’il reste quelque chose à conquérir ce parti trouve qu’il n’a rien conquis. Aussi quel ne va pas être son courroux à la lecture du paragraphe dans lequel sont consacrés dans le dis cours impérial les droits du pouvoir civil que la b rance n’a jamais abandonnés depuis saint Louis. Dans leur ire, ils sont capables d’oublier que ce der nier roi fut canonisé et le malmener d’importance. Et pourtant voyez l’inconséquence ! Le pouvoir civil, c’est le pouvoir temporel, ce pou voir temporel auquel le saint-siège se cramponne avec tant d’énergie. Puisqu’il en aime tant l’exercice, pour quoi veut-il faire à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui fit et empiéter sur les prérogatives des autres, lui qui tient tant aux siennes? Hélas! sont-ce bien les siennes? Ou du moins seront-elles siennes bien longtemps? Sur ce point encore, la presse cléricale va se sentir cruellement atteinte. Elle s’était plu à ne voir dans la convention du 15 septembre qu’une lettre morte (pii jamais ne serait mise k exécution....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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