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Le Charivari, 19 février 1834

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Le Charivari
19 février 1834


Extrait du journal

SAISIE DU CHARIVARI. La conduite du pouvoir, vis-à-vis la presse opposante, n’est pas un de ces systèmes de répression dont la sévérité,si excessive quelle soit, conserve néanmoins quelque dignité, quelque pudeur, quelque chose de cette impassibilité appa rente qui est un dernier hommage aux convenances, de la part des organes de la loi, lorsqu’elle a cessé d'être un devoir à leurs yeux. C’est de la passion, c’est de la haine, c’est de la vengeance, c’est de la misérable vengeance. Ce n’est pas de la répression, c’est de la guerre, de la guerre de buisson, de la guerre de stylet et d’embuscade. Toute arme paraît bonne pour une pareille guerre : atta ques directes, violences, illégalités,coups détournés, roueries, finasseries, mauvaises chicanes, perfidies, que sais-je ? Quand la législation est malveillante pour ses ennemis, on s’en sert; favorable, on la fausse; incertaine, on l’interprète; muette, on la fait parler ; nulle, on en invente une autre ; f ' impossible, on s'eu passe,et l’on va son train,saisissant, pour suivant, requérant, à tort et à travers, à tout risque, au ha sard ; et, par exemple, frappant le National par derrière, à la manière des lâches, faute de le pouvoir de front. On conçoit bien que dans un pareil système, le guet-àpens doit tenir le premier rang, parmi les voies et moyens. C’est d’un guet-à-pens que le Charivari vient d’être l’ob jet, mais non pas la victime. Nos lecteurs en jugeront de même, par le simple exposé des faits. La loi accorde un délai de quinze jours pour le versement des amendes, après signification du jugement à la partie condamnée. Ce délai passé , les pièces sont envoyées au re ceveur de l’enregistrement qui lui adresse un avertissement préalable et la met en demeure d’avoir à s’acquitter. Ce n'est jamais qu’après l’accomplissement de ces formalités, et en cas de refus de paiement, que le receveur fait procéder à une saisie. Hé bien ! rien de tout cela n’a été observé à l’égard du Charivari. C’est samedi dernier qu’expirait le délai ; nous le savions, nous étions prêts à satisfaire le fisc,à sa première ré quisition ; et, nous reposant à cet égard sur le sens de la loi, et qui plus est sur les traditions invariablement observées jusqu’alors, même à l’égard de la Tribune et de la Carica ture, nous attendions que le parquet voulut bien nous de mander la bourse , avant de la lui jeter, ce qui est bien le moins qu’il puisse faire. Or, le parquet s’en est bien gardé. Ni samedi, ni dimanche, ni lundi, au moment même où le parquet faisait saisir le Charivari, le receveur de l’enregistre ment n’était nanti des pièces indispensables. II y a plus : c’est qu’aujouid’hui mardi, la saisie faite, et le montant de notre amende étant là, sur son bureau, le re ceveur n’avait pas même été mis en mesure de le toucher légalement, lesdites pièces lui manquant encore. Pour pouYoii être admis à nous acquitter, quoique saisis, nous avons...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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