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Le Charivari, 19 octobre 1854

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Le Charivari
19 octobre 1854


Extrait du journal

ARRIVEE D’UNE MADONE A PARIS. La situation morale et politique du Piémont ne fait qu’empirer depuis que le gouvernement de ce malheureux pays a eu le déplorable idée de vouloir contraindre les prêtres et les moines piémontais à obéir aux lois du royaume. L'Univers publie les dé tails les plus navrans à ce sujet. De nombreuses troupes de bandits se sont empa rées du pays ou plutôt tous les habitans se sont faits bandits et ils ne s’occupent plus qu’à se détrousser les uns les autres. Les boutiques sont fermées et l’industrie est morte. Le correspondant de l'Univers ayant voulu entrer l’autre jour chez un papetier pour acheter une main de papier afin de vaquer à sa correspondance, trouva le magasin fermé. Un voisin obligeant voulut bien l’avertir qu’il rencontrerait le papetier au dé tour de la prochaine rue. Il y courut et vit en effet le papetier guettant les passans, un fusil à la main. — Que faites-vous donc là ? lui demanda notre correspondant. — Vous le voyez, je tâche de tirer quelque ar gent des passans. — Malheureux, dit l’autre, ne rougissez-vous pas de faire un semblable métier? — Moi, rougir ! fit le papetier en haussant les épaules, et de quoi donc? Nous n’avions d’autre frein que la religion, et le gouvernement s’étant mis à persécuter l’église, nous nous en donnons à cœurjoie. — Infortuné, reprit le correspondant de Y Univers, revenez à de meilleurs sentimens; vous êtes jeune, peut-être y a-t-il encore de l’espoir. — Trêve de morale, s’écria brusquement le pa petier en le couchant en joue ; vous êtes bien heureux d’être une de mes pratiques, autrement vons pourriez bien passer un mauvais quart d’heure. Vous voulez du papier, n’est-ce pas ? — J’étais en effet venu pour vous en demander. — Je vais vous en donner, suivez-moi. Le papetier appela son fils, un enfant de dix ans auquel il confia son fusil et qu’il mit à sa place jus qu’à son retour. Puis il conduisit le correspondant de Y Univers à son magasin, lui donna une main de papier et revint prendre son poste au coin de la rue. Ce fait longuement raconté par Y Univers ne vous donnera encore qu’une idée bien imparfaite de ce qui se passe en Piémont. Fra-Diavolo, Schubry, Shinderhannes, tous les bandits célèbres sont venus...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • senor
  • espagne
  • paris
  • france
  • cadix
  • madrid
  • parti libéral