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Le Charivari, 20 avril 1861

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Le Charivari
20 avril 1861


Extrait du journal

De tous les côtés arrivent des renseignemens sur les massacres de Varsovie et sur les mesures de rigueur qui les ont suivis. Il est aujourd’hui constant qu’il n’y a pas eu de lutte et que la population désarmée a été livrée à la merci d’une soldatesque furieuse et avide de sang. Le prince Gortschakoff, ordonnateur de ces tueries exécrables, a suivi en cette circonstance les traditions du gouvernement russe. Son nom prendra place dans l’histoire à côté de ceux de llaynau et de Radetzki, mais il a bien mérité du tzar, et s’il excite l’horreur de toute l’Europe il en sera dédommagé par les faveurs dont son maître ne manquera pas de le combler. Les journaux français, sans acception de partis, sont unanimes à protester contre ces barbaries d’un autre âge; un seul s’abstient de les blâmer, on peut même dire qu’il les justifie. Est-il besoin de le nommer? C’est le Pays, le journal de M. Granier de Cassagnac. Il annonce, sans commentaires, que la ville de Varsovie est taxée de 2,000 roubles par jour pour l’entretien des troupes, et de la somme de 1,500 roubles pour les frais d’enterre ment des « individus » tués dans la journée du 8. Ainsi après le meurtre, le pillage; après l’assassinat, le vol. Gela va de soi. Nous nous trompons en disant que le Pays publie ces nouvelles sans réflexion. Voici comment il les apprécie à sa troisième page. « Le gouvernement prend les précautions que semblent malheureusement lui avoir rendu nécessaires les évènemens de Varsovie. » Ainsi le gouvernement russe fait sabrer et fusiller une population inoffensive et sans armes ; il arrête au hasard des citoyens dans la foule et les envoie en Sibérie, il frappe la ville d’une nouvelle contribution de guerre, tout cela est malheureusement nécessaire ; c’est le Pays qui l’assure, dès lors il n’y a plus rien à dire. Le parlement italien vient de décider que Victor-Em manuel prendrait le titre de roi d’Italie, par la grâce de Dieu et la volonté de la nation. Les journaux légitimistes se montrent assez mécontens Recette « giâce de Dieu » et ils ont raison. Du moment °u il est convenu que par la giâce de Dieu on entend le droit divin, Victor-Emmanuel eût été bien inspiré de laisser ce titre à François II et aux autres princes dépos sédés qui y ont plus de droit que lui. Le titre de roi « par la volonté de la nation » était pourtant assez beau, et les plus difficiles auraient pu s’en contenter. On ne comprend pas davantage pourquoi ce Prmce sera appelé Victor-Emmanuel deux. Nous pen sions que le royaume d’Italie datait d’hier seulement, mais il faut croire qu’il est beaucoup plus ancien et qu’il a eu déjà un autre roi avant le roi actuel. Et voilà com ment on apprend tous les jours l’histoire. W est triste de voir une royauté au berceau introniser eJa les appellations féodales et les préoccupations dy tiques. Nous avons été fort surpris d’apprendre que l’ex-roi rançois 11 venait encore d’être abandonné par un de ses P us fidèles serviteurs. Ce prince n’a décidément pas la Iûaiu heureuse. •Jevous le donnerais en cent que vous ne devineriez pas...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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