Extrait du journal

Du boulevard des Italiens, dimanche 21 avril 1861. Monsieur le rédacteur, Semaine pas mal terne au commencement, mais à la fin quel feu d’artifice I Il ne fallait pas moins, pour produire ce miracle, que lord Palmerston et l’ambassadeur turc chantant un duo pacifique au banquet du lord-maire. lord palmerston. — Messieurs, j’en ai la ferme con viction, la paix ne sera pas troublée. l’ambassadeur turc. — D’ailleurs le sultan mon maître ne le souffrirait pas. lord palmerston. — Ce n’est pas qu’au fond il n’y ait en Europe en ce moment des motifs pour une bonne demi douzaine de guerres, mais il ne faut pas se fier aux apparences. l’ambassadeur turc. — Mon maître le sultan est à la paix, c’est une garantie. lord palmerston.— Nos armemens formidables n’ont qu’un but, c’est de donner plus de poids à nos conseils pacifiques. l’ambassadeur turc. — Allah ! Bismillah 1 Mon glo rieux maître a fait repasser son grand sabre par un gagne-petit ambulant. L’état prospère de nos finances lui a permis cette dépense qui ne s’élève pas à moins de deux piastres, mais on ne reculerait pas devant bien d’autres prodigalités pour maintenir la paix C’est donc pour vous dire que le premier qui prononce un mot plus haut que l’autre, mon maître a juré de le couper en deux comme un navet. L’Europe est donc avertie, passons à d’autres exercices....