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Le Charivari, 23 juillet 1837

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Le Charivari
23 juillet 1837


Extrait du journal

Lettre de M. le préfet de l'Isère à M. le ministre de l'intérieur. Monseigneur, J’ai l’honneur de vous accuser d'abord réception de votre honorée du 10courant, dans laquelle vous m’annonciez que le ministère avait besoin, cette an née comme les autres, aux approches des fêtes de juillet et des élections générales, d’une collection de complots et complotins ; vous ajoutiez que la ville de Grenoble avait été désignée comme devant en fournir sa petite part, tous les Français devant con tribuer également aux charges publiques, y compris sans doute les charges de cavalerie. Certainement, Monseigneur, vous ne pouviez mieux vous adresser. Grâce à l’habitude déjà prise par la restauration et par l’ordre de choses actuel, de se fournir de complots à Grenoble, cette ville maintenant n’est pas moins renommée pour ses com plots que pour ses gants. Ajoutez que les uns com me les autres vont à toutes mains. Je n’avais donc que l’embarras du choix ; c’est-àdire, non; j’en éprouvais encore un autre, attendu que vous aviez oublié de me désigner la couleur du complot demandé. Toutefois, en y rélléchissant bien, j’ai pensé que cet oubli avait été calculé peut-être, et que vous dé siriez pour le moment avoir un complot incolore, afin de pouvoir lui donner plus tard la couleur qu’il vous conviendrait. Je me suis mis à la besogne en conséquence, et je n’ai rien trouvé de mieux à vous offrir en ce genre qu’un complot de chanteurs. Tous les partis étant susceptibles de chanter, puisqu’ils paient tous, l’au torité peut trouver de tout dans des chansons, pour peu qu’elle sache se mettre en mesure. J’appris que les ouvriers de cette ville, après avoir rudement travaillé toute la journée pour se nourrir, eux, leur famille, leurs ministres, leurs préfets, et payer leurs impôts directs et indirects, se permet taient, le soir venu, de faire un petit tour de prome nade. Cela constituait déjà une habitude qu’une au torité sage et prudente ne pouvait tolérer, car il est évident que tout en se promenant lui-même, rien n’empêchait que le peuple finit par songer à envoyer promener les autres. Je fus informé, en outre, que l’empire et la restau ration ne s’étaient jamais opposés à ces promenades nocturnes. Nouvelle raison pour les défendre aujour d’hui, car un gouvernement libéral et populaire ne doit pas suivie les erremens des gouvememens ab solutistes et despotiques. Les promeneurs alléguaient, en outre, le besoin et...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • guizot
  • richelieu
  • pradel
  • isère
  • paris
  • grenoble
  • france
  • frascati
  • la république