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Le Charivari, 25 juillet 1837

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Le Charivari
25 juillet 1837


Extrait du journal

UNE LOI DE PLUS: TOTAL , CENT MILLE. Le Moniteur étale enfin la dernière loi sur la gar de nationale de Paris, loi si impatiemment attendue par tous ceux qui ont l’intention d’aller demeurer à la campagne. La garde nationale est sans doute une très belle in vention, surtout pour ceux qui n’en sont pas; mais on ne devrait pas faire une corvée de l’accomplisse ment d’un devoir. En temps ordinaire, la garde na tionale ne devrait exister que sur le papier. Une re vue par an, c’est tout ce qu’il faudrait pour la main tenir en vie. Pourquoi tant de gardes et de factions, avec une armée de quatre cent mille hommes? En temps extraordinaire, c’est-à-dire en temps de troubles intérieurs et de guerre étrangère, qu’on la requière, pour suppléer à l’insuffisance des troupes régulières, et que chaque citoyen soit obligé de s’in scrire et de marcher, rien de mieux. Personne ne sera tenté de sc plaindre tout haut et de regimber contre sa part de fatigues et de danger. Tel est le seul système raisonnable. Mais on sent bien que cela ne ferait point l’affaire d’un tas de far ceurs qui n’ont d’autre aise que de jouer au soldat citoyen. Un autre système a donc triomphé jusqu’à présent, au grand mécontentement des gens sensés qui aiment beaucoup leur patrie, mais peu les inu tiles et coûteux loisirs du corps-de-garde, de la patrouille, de la faction, de la revue, de la parade, de la croix-dTionneur, et de tant d’autres corvées. La dernière loi sur la garde nationale de Paris appartient à ce dernier système. Nous la vénérons infiniment, à l’égal des quatre-vingt mille autres lois dont nous jouissons; mais nous aimerions mieux avoir à en vénérer une autre. Voilà pourquoi nous prenons la liberté grande d’en provoquer le change ment, autant qu’il est en nous, en signalant ci-dessous les conséquences éminemment peu ragoûtantes de ses principales dispositions: I. La garde nationale étant instituée pour défen dre et maintenir la liberté, il est enjoint a tout indi vidu, ayant échappé à la conscription, de se faire inscrire, dans lesdeux mois, sur le registre matricule de la mairie dont il est susceptible de patrouiller avec. La présente obligation comprend les étrangers aussi bien que les naturels du pays, ce qui ne peut manquer d’en attirer un grand nombre , et de leur rendre le séjour de la capitale de plus en plus en chanteur. Sont seuls exceptés de cette obligation les citoyens qui ont le bonheur d’être nains, rachitiques, sourds, manchots, aveugles, cul-de-jatte ou magistrats. Sont pareillement exceptés les citoyens qui jouisseut d’une infirmité ou d’une incapacité dûment constatée, tels que les paralytiques, les préfets, les repris de justice, les ministres, les banqueroutiers et les pairs de France. La gibbosité, l’enthousiasme et l’hydrophobie ne sont pas des exemptions suffisantes. IL Tout individu qui, dans l’espace de deux mois....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • molière
  • desvergers
  • varin
  • paris
  • france