Extrait du journal

animaux qui se laissent plumer volontiers, comme poussant vivement à la générosité. Mais il sagit d’un futur roi constitutionuel, ne devant avoir qu’une misé rable liste de 20 à 30 millions, sans compter sa fortune particulière. La générosité, en pareil cas, serait dupe rie. Nous interdisons donc formellement à madame Forté-Piano toute nourriture de ce genre, afin que son nourrisson n’ait aucune espèce de [similitude avec les volatiles ci-dessus signalés. —L’économie, toutefois, n’empèche pas la magnifi cence. Un roi peut même être excessivement ladre, et étaler cependant beaucoup de splendeur, surtout dans les journaux officiels. Or, le dindon n’est pas sans doute aussi superbe que le paon, mais il ne laisse pas non plus que de faire très agréablement la roue. Le dindon, qui fait la roue, c’est juste le degré de magnificence qui convient à une cour constitutionnelle. Madame FortéPiano devra donc s’alimenter quelquefois de dindon, dans l’intérêt de la gloire et de l’honneu de la France. — La valeur et les talens militaires ne sont pas moins nécessaires chez un prince à qui la ville de Paris fait présent d’une épée, avec prière implicite de s'en servir, et qui, dès sa naissance, a pu être porté sur les cadres de l’armée, en qualité de général de cavalerie. Le lapin,le mouton, le lièvre surtout, sont des animaux fort héroïques. César était fou de gigots de mouton; Alexandre a dû au lièvre ses plus belles conquêtes, et si Napoléon a été un si fameux lapin,c’est qu’il en mangeait jour et nuit. A juger ses victoires sous le point de vue médical, on peut dire qu’il y avait la-dedans plus de lapin que de génie. Arcole? lapin. Marengo? lapin. Austerlitz? lapin. La décadence du grand capitaine n a réellement commencé que du jour où le goût du lapin commença de lui passer. (Histoire de la campagne de Russie, par M. de Ségur, pair de I-rance, tome I, page 257, ligne 12.) Nous ne saurions donc trop recom mander ce genre de comestible à madame lorté-Piano,...