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Le Conservateur, 9 novembre 1884

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Le Conservateur
9 novembre 1884


Extrait du journal

son côté la justice devient hésitante et montre pour le crime une indulgence coupable qui révolte la conscience pu blique. La défaillance entre dans nos mœurs par cet abus des grâces ; elle se traduit logiquement dans les arrêts du jury qui est chargé de réprimer le crime. La semaine dernière, la cour d’as sises do la Drôme avait à juger un jeune monstre qui après avoir violé sa sœur, l’avait égorgée et mutilée d’une manière infâme. La brute avouait son crime sans manifester le moindre sen timent de repentir : c’était l’homme descendu au rang de la bête fauve. Le jury a admis des circonstances atténuantes ! A quoi sert de condamner à mort, se disent bien des gens, puisque l’homme sera gracié ? Et comme tout arrêt de mort a pour celui qui le pro nonce quelque chose de solennelle ment terrible, on s’affranchit de cette responsabilité qui est un devoir par la conviction qu’elle est inutile. Et peu à peu ainsi toute justice dis paraîtra ; toute idée de préservation sociale s’effacera des consciences ; la société deviendra une vaste arène où une armée de bandit pourra se ruer impunément sur tout ce qui aura une montre ou un écu. Que peut-on attendre de en upcjarrets sans foi ni loi qui ne sont re tenus que par la crainte du châtiment? Le jour où la répression s’affaiblit, ils reprennent toutes les audaces, et com me ils rêvent tous les crimes, non no les arrête dans leur exécution. Nel’a-t-en pas vu à la fin du Directoire quand une bande de 150 brigands trop connus sous le nom de Chauffeurs, a ravagé pendant deux ans quinze ou vingt départements de la France ? Qu aurait tort de railler ces souve nirs ; ce qui s’est vu peut se revoir, malgré notre belle civilisation dont nous sommes si fiers, malgré le réseau cle notre police qui a la prétention de s’étendre partout. Est-ce que depuis dix ans nous n’a vons pas eu dans Paris une vingtaine de crime dont les auteurs sont restés inconnus ? Est ce que sous l’Empire, malgré les recherches les plus actives, la police a jamais percé le mystère des nombreux assassinats de Limours ? C’est assez de crimes inconnus, l'in térêt social demande que la répression des crimes connus et poursuivis ne soit pas entravée par une clémence que rien n’explique, que rien ne justifie. Nous ne demandons pas de supplices inutiles. Nous comprenons la grâce clans des cas rares, quand l’homme, criminel une heure, n est pas endurci dans le vice, quand le repentir fait es pérer une vie meilleure. Mais pour le bandit de profession, pour l’homme que rien n’arrête, pour le forçat libéré qui rêve des années sa vengeance et ne sort du bagne que pour venir as sassiner son juge, comme le conseiller Tri part, pour l’ennemi juré de l’ordre social,de la vie et de la bourse d’autrui pour le parricide, pour le fratricide, pour ces crimes effroyables qui épou vantent l’honnêteté publique, —- toute irrâce est coupable ! —Elle est coupa ble, puisqu’elle est la négation de toute morale, et une trahison de la société. « La clémence qui ne tombe que sur le ci’ime,a clitexcellemmentLamennais, est un second crime : Dieu lui-même ne pardonne qu’au repentir ! » Lathuillikre. (France Nouvelle)...

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Le Conservateur est un journal hebdomadaire publié à Marennes entre 1877 et 1913.

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