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Le Constitutionnel, 1 octobre 1832

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Le Constitutionnel
1 octobre 1832


Extrait du journal

Intérieur. paris, 30 septembre: LA GAZETTE DE FRANCE ET LE SUFFRAGE UNIVERSEL. Lorsque la loi des élections qui fixait à trois cents francs de con tributions directes le cens électoral fut proposée , les membres de-, l'ancienne aristocratie s'élevèrent avec une sorte de fureur con tre ce projet démagogique. A les entendre -, on aurait pu croil'e que des électeurs à trois cents francs d'impôts directs allaient met tre la France à feu et à sang, ou tout au moins la livrer au pillage. Les hommes de la grande propriété s'indignaient surtout ae voir le commerce et l'industrie exercer des droits politiques. Personne n'a perdu le souvenir du mépris avec lequel ils parlaient des pa tentés. Ils firent tant de bruit et tant d'intrigues , qu'ils parvin rent à déterminer le gouvernement à demander la modification de sa loi , et à établir le double vote au profit des grands propriétaires. Huit ans'après que la loi du double vote eut été promulguée, les lé gitimistes ne la trouvèrent plus assez aristocratique et voulurent la renverser par un coup d'état. Il aurait fallu , pour les satisfaire, qu'il n'y eût pas d'autres électeurs en France que les préfets , les receveurs-généraux, les archevêques, les chambellans et les banquiers de la cour. La révolution de juillet vint mettre un terme à ces extravagances aristocratiques. Les temps sont changés : les hommes de la grande propriété ne sont plus les régulateurs de notre destinée, et l'on serait mal reçu par lejpublic si l'on s'avisait de demander pour lui le rétablisse ment des grands collèges. Les écrivains légitimistes ne nous par lent donc plus de la nécessité de livrer les intérêts de la France entre les mains d'une riche et opulente aristocratie; ils veulent maintenant que l'exercice des droits politiques soit accordé à tout être qui porte une figure humaine. La Gazette de France s'élève tous les jours contre notre loi d'élections, qu'elle considère comme une loi de monopole, et déclare que la France ne sera fidèlement représentée et bien gouvernée que lorsque le suffrage universel aura été établi. En comparant les vœux que formaient les légitimistes sous la restauration, à ceux qu'ils forment depuis la révolution de juillet, on peut croire d'abord qu'il y a, entre les uns et les autres, une opposition.jnan.ifestej çt cependant, quand on considère le fond des choses , on resté^coiivaincu que les partisans de l'ancienne ^kîs*tocratje tendënt toujours vers le même eut. Quels étaient, eri"effet, les< sentimens qui les animaient quand ils attaquaient avec violence la loi des élections de 1817? L'envie, la jalousie et la haine que leur inspiraient les classes moyennes de la société. Ils étaient hu miliés de se voir gouvernés par des bourgeois ; ils tenaient moins au monopole des droits politiques, qu'à l'exclusion des gens qu'ils considéraient comme des parvenus. N'ayant pu dépouiller à leur profit les classes intermédiaires de toute espèce de droits politiques,, ils voudraient les en dépouiller maintenant au profit apparent des classes inférieures. Ils s'imagi nent probablement que s ils parvenaient à jeter le désordre dans la société, ils auraient des chances pour opérer une troisième restaura tion, à l'aide des armées étrangères. Peut-être même se flattent-ils que, par eux-mêmes ou par le clergé, ils exerceraient sur le» classes qu'ils veulent appeler aux élections , une influence trèsétendue , et qu'ils saisiraient indirectement le pouvoir dont ils ne peuvent s'emparer d'une manière directe. Quoi qu'il en soit de leurs vues secrètes, ils devraient nous faire connaître comment ils entendent mettre en pratique leur principe du suffrage universel. Se proposent-ils d'appeler aux élections les femmes comme les hommes? S'ils entendent leur conférer les droits électoraux , ils les appelleront sans doute aussi aux emplois publics ; ils voudront qu'elles soient sujettes à la conscription et puissent commander les armées. Les droits étant égaux, les char ges doivent être égales aussi. Les saints-simoniens, qui sont à la re cherche de la femme libre., ne nous ont pas encore parlé de la...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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