Extrait du journal

M. le ministre des finances a présenté au jourd'hui une série de projets de loi relatifs au budget de l'exercice de 1849, aux crédits supplémentaires et extraordinaires pour les exercices 1847 et 1848, à l'impôt du sel et à la taxe des lettres. L'exposé des motifs du budget de 1849 dé buté de la manière la plus riante. Les priva-; tions du passé s'oublient, nous dit M. Dumon dans un langage pastoral, le présent s'amé-: liore, et l'avenir est plein d'espérances. Mal-* heureusement le tableau que M. le ministre des finances trace ensuite de notre situation,' est loin de répondre à ce premier aperçu. C'est une revue dans laquelle le piot fatal de découvert vient se représenter à chaque ins tant. Le passé, c'est le déficit ; le présent, c'est le déficit, et l'avenir, quoi qu'en dise M. Du mon, c'est encore le déficit. M. le ministre des finances remonte à 1840:; à l'en croire, si les années 4840 à 1843 ont laissé un découvertconsidérable, 1844 ne pré sente qu'un léger excédant de dépenses, et 1845 est balancé par un excédant de recettes de 4 millions. Nous eh demandons bien pardon • à M. Dumon; mais l'excédant de recettes de: 1845 n'à été obtenu qtf au moyen d'une vé ritable violence qu'on a faite aux chiffres; c'est un point qui a été constaté récemment encore dans le discours prononcé par M. Dutilleul à la rentrée de la cour des comptes. En fait, le cabinet du 29 octobre ne pourrait pas citer, sous son long ministère, un seul exercice qui De se soit réellement soldé par im déficit. Ce qui est certain, incontestable, c'est que, depuis 1845, les déficits ont pris, en temps de paix et sans autre circonstance extraordinaire qu'une mauvaise récolte, un développement tel, qu'on n'en pourrait retrouver de sembla ble qu'aux époques où la tranquillité générale était compromise, où l'honneur même de la France était enjeu. M. le ministre des finances nous annonce d'une manière triomphante que le déficit de l'exercice 1846, évalué, l'année dernière, par la commission du budget, à 58 millions, ne sera décidément que de 45 millions. C'est déjà un fort beau chiffre. Mais cette diminution du déficit est-elle réelle? En aucune façon. Elle provient d'un report de crédits montant à 15 millions, qui sont mis à la charge dès exercices suivans. Cette diminution du dé couvert de 1846 n'est donc véritablement qu'une aggravation des découverts de 1847 et 1848. Un report de déficits, voilà ce qu'on nous présente comme une amélioration ! Si M. Dumont,. en usant de cet ingénieux procédé, a trouvé moyen de réduire le décou vert de 1846 au dessous des prévisions de la...