Extrait du journal

nées. Aies voir jeunes et riches, on pourrait croire pour eux à un bonheur parfait, à une vie sans trouble et sans tempête. Il n'est rien de cela.: le mé nage de M. et Mmc Bermont est un des plus orageux et des plus agités que vous puissiez imaginer. Ce sont des querelles sans fin pour un mot et pour un caprice, de vifs emportemens, de cvuels soupçons, dont souvent on au rait peine à dire la cause. Lequeldes deux époux a le premier allumé ces discords? Lequel les fomente ou les entretient ? On petit répondre que tous deux ont à peu près une part égale dans cette guerre intestine. Bermont est despote et jaloux ; un souvenir de femme aimée, les restes d'un premier amour mal éteint, ajoutent à son humeur impatiente et fantasque. De son côté, M°" Bermont a un esprit et une imagination qui ne brillent point par la résignation et la douceur ; ce n'est plus une de ces victimes qui gémis sent et se taisent, ce n'est pas la compagne malheureuse et resignée du tyran domestique, c'est une femme qui a sa volonté à elle et son despo tisme. Si son mari veut commander, elle n'est guère disposée à obéir ; elle pousse même si loin le respect de ses droits personnels , qu'elle empiète véritablement sur ceux de son mari, et se montre à peu près d'humeur aussi turbulente et aussi tracassière que M. Bermont. Il y a insubordination, mauvaise humeur, torts réciproques des deux parts. Si cela est souvent vrai dans le monde , cela est peu touchant sui vant les lois du théâtre, où l'on ne s'attache qu'à celui qu'on opprime et qui souffre. Lorsque les chosès vont à deux de jeu comme dans le drame de M. Merville, on ne s'intéresse à personne. Quelle émotion causerait Iphigénie si elle était de la force de Calchas et d'Agamemnon ? M°" Bermont a véritablement la voix trop haute et le poignet trop fort : on touche le cœur bien rarement avec ces qualités athlétiques. D'abord c'est par une petite querelle que commence la grande guerrequi va diviser les époux Bermont. Madame veut aller au bal ; Monsieur ne vent pas que Madame aille au bal : Madame ira au bal malgré Monsieur. La voilà parée et toute prête à partir avec sa mère, vieille et têtue , qui en tretient sa fille dans ses projets d'insurrection conjugale. Il faut que Ber-...