Extrait du journal

dustrielles se poursuivent au milieu du parlement avec tant de franchise, qu'un certain nombre de députés ont eu la pensée de dresser une liste signée par tous ceux qui pourront déclarer, en honneur, qu'ils ne sont point engagés dans les entreprises de chemins de fer. Cette liste a atteint, dit-on, le chiffre de cent soixante. Entre ceux qui ont signé et ceux qui ne peuvent le faire, il y a encore, comme on voit, une centaine de députés dont la si tuation personnelle n'est pas bien connue. En présence des déplorables calculs auxquels M. Dufaure a fait une courageuse allusion et que nous venons de signaler, les sim ples préoccupations des intérêts de localité paraissent excusables. Mais, ne nous y trompons pas, c'est de là que vient tout le mal. L'intérêt de localité est le prétexte, le véhicule de l'intérêt per sonnel. C'est par zèle pour son département, c'est afin de faciliter l'exécution du chemin de fer qu'on engage son nom et son argent dans les compagnies. On spécule par amour du pays, on encais sera les primes par tendresse pour le hameau où l'on a reçu le jour. Si le gouvernement avait rempli son devoir; si, au lieu d'ache ter lui-même des consciences et des votes avec des tronçons de chemins de fer, il avait donné aux délibérations des chambres une direction intelligente et ferme ; s'il avait consulté seulement les grands intérêts dont il est le gardien, et s'il avait proposé d'abord l'exécution d'une seule ligne choisie par lui, comme fa plus utile, il aurait accompli plus promptement, plus sûrement, ce grand ou vrage ; il se serait nonoré en éloignant toute corruption ; il aurait sauvé à la chambre le triste et Déplorable spectacle que lui don nent aujourd'hui les députés-spéculateurs....