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Le Constitutionnel, 9 octobre 1837

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Le Constitutionnel
9 octobre 1837


Extrait du journal

gu'un tel système aurait son côté immoral et sa flétrissure dans le résultat même ? En politique, on ne.peut se contenter d'un simple vocabulaire de mots vagues et insignifians ; il faut'avoir un parti pris sur les hommes et sur les systèmes. Quand ou ne sait pas se dessiner, on tombe bientôt, d'impuissance ; il faut savoir choisir ses amis et ses ennemis , et, quand on n'a pas assez d'énergie pour faire cet aveu, la conscience du pays le fait pour vous. Or, il nous paraît impossible que les électeurs ne séparent pas, avec cet instinct éminent qui caractérise le peuple français , les bons can didats des mauvais'. La distinction que .^pouvoir n'a pas osé faire, le sentiment'iialkmal la fera spontanément -, les études politiques sont assez avancées pour que les collèges électoraux aient souvenir de tous les débats des chambres, et qu'ils aient etScore présens à la mémoire les discours et les votes de chacun; l'épreuve électorale met en jeu toutes les émotions; les électeurs recueilleront attentivement l'histoire parlementaire des trois dernières années où le mérite et les fautes de chacun sont écrits ; quand on discutéra les titres de chaque candidat, il faudra bien voir ce que les uns ont fait pour la liberté , l'économie et la prospérité de leur pays, et ce que les autres ont eu de votes nomplaisans pour l'arbitraire ou pour les profusions ministérielles. Le pouvoir aura beau exalter et confondre le hiérite de tous ; la voix pu blique fera le triage ; les collèges sont composés d'hommes éclairés ; il y a tant de patriotisme dans leur majorité ! ils n'auront point cet égoïsme indifférent d'un ministère qui n'ose ou ne veut pas choisir entrç le bien et le mal. , Et cette indifférence si manifeste, cette confusion qu'on cherche à établir, profitera-t-elle|véritablement au pouvoir? N'estai pas à crain dre qu'il arrive pour les électeurs ce qui déjà s'est manifesté dans la chambre durant les dernières sessions ? La position du ministère était-elle tenable, à ce moment oii la bataille des partis se faisait dans une région au-dessus de sa tête? Dans l'histoire du gouvernement représentatif, les époques de faiblesse ont toujours été celles qu'on a flétries sous le nom'de bascules. Quand on est forcé de se jeter per pétuellement de droite à gauche, sans avoir de doctrines fixes ,, un appui avoué, des amis sincères , des alliés parlementairement unis à vous, que peut-on oser de fort et de durable pour le pays ? Quel sys tème peut-on embrasser, quelle idée gouvernementale peut-on mani fester haut comme son programme politique ? Ce système, qui a si profondément affaibli l'autorité dans le parlement, comment ose-t-on le reproduire en face des collèges électoraux? Il ne s'agit plus d'une lutte franche entre les candidats , mais d'une confusion constante qu'on veut établir , afin d'enlever les élections en les couvrant d'une nuageuse politique. Il faut donc prémunir les électeurs sur le piège qu'on leur tend ; tout le monde peut prendre le titre de constitutionnel, tant qu'on ne conspire pas contre la nation et le Roi; mais, sous cette noble épi-r thète il y a des consciences qui cherchent à cacher leur mauvaise conduite parlementaire et leurs méfaits contre la liberté ; il .ne suffit pas de s'intituler candidats constitutionnels, il faut encore que dans la vie publique du parlement on ait constamment donné son vote dans la pensée de cette constitution, et s'il y a quelques candidats qui aient voté, comme députés, des lois mauvaises, le gaspillage de la fortune publique, tous les projets d'apanages immobiliers, les électeurs doivent les séparer de ces véritables candidats constitution nels, indépendans dans leurs votes, et véritablement dévoués à la révolution de 1830. L'épreuve électorale n'est fixée à de certains intervalles que pour que le jugement du pays en soit plus solennel ; il doit en résulter une épuration complète de ces noms malheureusement compromis dans les discussions de tribune et dans les votes. La presse a pour taission de signaler les bons et les mauvais candidats ; le pouvoir se serait plus hautement placé s'il avait eu le courage de le faire....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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