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Le Constitutionnel, 13 janvier 1838

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Le Constitutionnel
13 janvier 1838


Extrait du journal

Cest donc avec la conviction profonde que moi aussi je me dévoue peu mon pays et pour la vérité, c'est avec cette conviction que je suis à la tri bune, et surtout après tant de questions, après tant de nuages, tant de pré ventions, tant de faits défigurés , tant d'articles de traités méconnus, il faut être bien dévoué à la vérité , je le répète., pour venir ici reproduire en- ■ core dans toute son étendue ceité question tant connue, au moins de'moi ot de quelques-uns de mes honorables collègues , et peut-être" trop aussi du pays, pour que je puisse, par de nouveaux argamens, produire la sensation qu'elICmériterait de produire. Cependant, je va te tâcher, dans un résumé aussi clair, aussi court que je le pourrai, de replacer sous les yeux de la chambre la question toute entière; je mettrai la réponse à côté de l'objection. Et avant, il ne faut pas de çe que nous entrons dans la question elle-mê me, Il naisse la prétention que nous traitons la question d'intervention ellemême. Non, Messieurs, il ne s'agit pas ici de l'intervention ; il pourrait éventuellement s'agir d'elle-même un jour, mais entre l'intervention et le mo ment présent, il y a encore de gravés circonstances à supposer et 11 y a plu sieurs votes des chambres. ■ Je vous prie de reporter votre attention sur quelques mots prononcés hier par l'honorable M. Guizot. Ces mots se lient à quelques-unes des paroles de M. Renard ; ils sont important dans la situation où nous nous trouvons. , Qu'y a-t-il devant nous ? une immense question ; tout le monde lesent et, en présence de cette Immense question, la chambre à laquelle on ue de mande pas de subsides , et un vote d'hommes et d'argent, la chambre dit avec raison : «Ne me forcez pas à me décider aujourd'hui; s'il s'agit d'un, vote qui m'oblige^ prendre un parti immédiat, je n'en veux pas. » M. Renard l'a fort bien dit, et'la chambre tout entière le répète a,veç beaucoup de raison : Point d'obligation de prendre un parti immédiat. HGuizot, sentant hier que là était la difficulté de la question , vous a dit Quand on s'engage dans la politique d'intervention, on peut plus en re venir; quand on s'engage dans la politique de non-intervention, on en revient toujours. Il avait raison, mais prenez-y garde ; la question est de savoir de quel côté on s'eugage, si on s'engage en adoptant le paragraphe de la com mission, ou si on ne s'engage pas en adoptant l'amendement de M. Hébert ? Eh bien I je dis qu'on ne s'engage pas du tout en adoptant le paragraphe de la commission, tandis qu'on s'engage pour la contre-révolution en adoptant l'amendement de M. Hébert. ( Vives réclamations au centre. — A gauche : Très-bien ! ) Messieurs, je sais bien que je' blesse beaucoup d'opinions contraires à la mienne, mais il faut qu'elles me permettent d'aller jusqu'au bout, elles ver ront que je ne dis rien que de bien naturel. Que dit la commission ? E'ie dit ceci : Je ne demande pas l'intervention, je vous demande de ne rien exclure. Et Ici, Messieurs, permettez-moi de mettre en présence les deux politiques que j'ai déjà caractérisées. Il y a daux extrêmes, comme je l'ai dit avanthier, qu'il faut mettre hors du débat : ceux qui supposent une indifférence absolue pour l'Espagne, et ceux qui supposent une ardeur telle qu'il faille intervenir à tout prix. Nous n'avons pas à choisir entre ces deui politiques» c'est la calomnie de la question (très-bien l) ; il n'y a personne qui soit in différent au sort de l'Espagne ; il n'y a personne qui veuille de l'intervention à tout prix. , Mais, entre ces deux extrêmes, il y a une politique, et c'est -la nôtre, qui vous dit : Jusqu'ici l'Espagne a traversé une suite de dangers ; il y a deux: ans, j'étais pour l'intervention immédiate, et j'en vais dire les motifs-;* a» jourd'hùl je ne ie suis plus, j'en dirai aussi tes motifs. J'étais pour l'intervention immédiate , il y a deux ans,. par cette raison toute simple que l'Espagne était encore dans les mains des modérés ; car, en tout pays, je ne voudrais pas faire la guerre pour maintenir les exaltés; nuis; si des vœux suffisaient, j'aimerais mieux que la politique fût entre les mains des modérés qne dans celles des exaltados , ear je crois qu'avec les modérés on peut faire la meilleure politique ; Il y a deux ans l'Espagne était fvêted'entrer dans la carrière des révolutions sanglantes , dans la carrière des égorgemens , je croyais que l'intervention immédiate détruisait la contre-ré volution et maintenait le parti modéré au pouvoir.On a refusé l'intervention, don Carlos a fait des progrès,. |es modérés «ont tombés, et lés exaltés sont ar rivés au pouvoir ; ifs n'ont pas'élevé d'échafauds comme en France ; l'anar chie n'a pas été sanglante . terrlbie avec unité, comme dans- un pays'où la civilisation est portée! un haut degré. Mais en Espagne, dans ce pays où il n'y. a pas d'unité, où chacun sert à sa manière, selon l'esprit de sa provinces l'anarchie a produit des scènes; de désordre , d'indiscipline , d'égorgemeptMaintenant cela est passé , nous n'avons plus besoin de l'intervention pour faire que les modérés soient au pouvoir, car par le mouvement des chosesili^ y sont arrivés avec le temps. Le danger, on l'a traversé; il a été prouvé que l'Espagne pouvait, jusqu'à un certain point, se défendre d'elle-même^ Qu'est-ce que je voudrais pour mon compte? Entrer en Espagne aujourd'hui? Non, Messieurs ; je voudrais que l'on se plaçât dans la situation que je vais' décrire : l'observation avec la résolution de déployer les forces de la Franc» pour venir à son secours, s'il était nécessaire. Si l'on pouvait croire en Espagne et en Europe que le gouvernement français n'a pas la résolution d'abandonner. l'Espagne, mais qu'il est au con traire décidé i la secourir si elle était en péril, à l'instant même le gouver nement français recouvrerait une force énorme en Europe, beaucoup de bienveillance et d'intimité en Angleterre, et beaucoup d'action en Espagne* croyez que si, dans cette situation, on opérait une transaction, si l'on se fai sait l'intermédiaire, ce qu'on appelle médiateur armé, la France aurait, une force énorme ; mais quant au fait que le gouvernement français porte sympathie à l'Espagne, je le sais; car mol j'ai été souvent calomnié, mais je ne veux calomnier personne, je ne dis pas que le gouvernement français soit indifférent sur le sort de l'Espagne; il faudrait pour cela qu'il fût insen sé; il peut hésiter quelquefois, mais il a du sens et connaît sa situation; je ne dis pas qu'il soit indifférent, mais on sait, c'est le secret dé tout le mon de, je n'agglomérerai pas des nuages sur la question, on sait que s'il faut à l'Espagne les ressources de la France, le gouvernement est décidé à les lui refuser. (A gauche. — C'est vrai) ) Croyez-vous que je veuille compromettre une cause a laquelle je me suis dévoué, que je veuille l'affaiblir? Non, cer tes. Eh bien! si le mensonge, tout odieux qu'il est, tout indigne qu'il est d'un gouvernement et d'une grande assemblée; si le mensonge pouvait servir la cause de l'Espagne, je ne le dirais pas, mais je ne laisserais glisser. Si d'un nuage pouvait sortir le salut de l'Espagne, je le laisserais peser sur notrj» tête; mais il y a un gouvernement qui ne peut vivre que-de l'appui moral, et l'appui moral, c'est le moyen de rendre efficace l'appui matériel. Eh bien ! la commission laisse exister la possibilité ; si l'on disait : élle l'impose, à la bonne heure f mais elle ne l'impose pas. Que dit l'amende ment? il dit continuer. Continuer quoi? Eh! mon Dieu! je ne veux pas, certes,; affaiblir le gouvernement, je ne veux pas l'affaiblir dans sa situation • mais qu'il me soit permis de lui dire sans amertune : Vous voulez continuer, tant pis ! (Murmues à droite.) Et je suis étonné que dos murmures viennent i;i...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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