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Le Constitutionnel, 17 décembre 1834

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Le Constitutionnel
17 décembre 1834


Extrait du journal

cctte-cbambre-, que la capitale même ont appartenu pendant dix jours a un peuple,magnanime^ Sommes-ncus donc des imposteurs, nou» qui nous sou venons qu'il y a quatre ans on a proclamé a souveraineté du peuple; que le peuple, en se proclamant son propre souverain, a dit qu'il n'y aurait plus de royauté que par lui ; plus de justice avouable que celle qui. tiendrait de lui son investiture? Nous'voilà devant vous, enlevés à nos juges naturels: en vertu de lois . qu'après 1830 on devait croire ne devoir plus exister ; nous voilà enlevés à .la justice du pays; nous sommes devant vous, non pour vous présenter une défense, mais pour vous donner des explications, car on ne se défend que devant ses juges naturels. Des explications, cela suffit pour sauver les appa rences. Vous.n'avez pu résister, Messieurs, à celle faculté, si tentante pour des chambres législatives, de se faire justice à elles-mêmes, en vertu d'une loi .enfouie avec quarante mille autres dans nos archives législatives, et qu'en 1830 on n'a pas pensé à abolir, parce qu'on ne croyait pas.alors qu'elle pût être exhumée pour affronter les regards d'une nation policée. , .Nous n'avons pas le droit de nous en plaindre ; mais, nous nous faisons des reproches à nous-mêmes d'avoir laissé subsister Une telle enorjnité. .Nous apprenons à nos dépens que ce n'est point par une émeute, si puis sante qu'elle soit d'ailleurs, qu'on fonde la liberté, mais bien par les ga ranties que l'on a obtenues avant d'avoir posé les armes. Hommes de juil let, nous avons inspiré l'audace; au moment de la lutte nous avons donné l'exemple; après la victoire nous avons prêché l'humanité et la modération. Le seul reproche que la postérité sera en droit de faire à notre parti, c'est son ingénuité et sa confiance. A peine échappé aux baïonnettes des Suisses , il tomba dans la mésalliance qui l'étouffé. Aujourd'hui nous portons la peiné de notre courage inexpérimenté. Sous la restauration une incrédulité voltairienne, et, dans le fait, une absence absolue de principes, c'était là le seul culte de l'opposition libérale ; aussi sous la restauration avons-nous appris comment on peut conquérir la liberté; mais nous avons négligé d'apprendre comment on sait la conser ver. • ' Que nous reste-t-il, en effet, maintenant, de la.révolution del830 ? Un emblème, le drapeau tricolore ; un mot, la souveraineté du peuple, et en fin un grand exemple, ^onr nous rappeler qu'il ne faut jamais désespérerdes destinées du pays. lmprudens et jeunes que nous étions ! Le lendemain de la victoire, lorsqu'après l'expulsion de la dynastie déçhue , les hommes de la restauration sortirent de la boue de sang où nous les avions ensevelis, nous ne nous en mé fiâmes pas assez.;.nous disions.: « Ifs. n'oseront pas ; tepeuple n'a pas donné sa démission.'» Eh bien! cependantils ont osé, etl'étatdesiége, 'et; la loi spr la liberté individuelle, qui metnn citoyen à la discrétion du dernier agent de police , et la loi sur les associations, sont venues. ., J'en demande pardon, pour mon compte , à la liberté et au pays , il y a un texte légal qui nécessite notre présence à la barre de cette chambre ; .mais on a trouvé aussi un texte légal pour obliger le médecin à trahir la confiance du blessé qui se livrait à ses soins. . C'est du Aational qu'est partie , en 1830, la première proposition de fonder la dynastie d'Orl- ans, et c'est ce même journal qui se trouve main tenant en présence d'hommes qui sont à la fois pour lui des offensés, des accusateurs et des juges. Cependant l'article incriminé, déclaré offen sant pour la pairie tout entière. aucun passage n'en est incriminé particulièrement; le délit n'est pas caractérisé , il est sans nom; tout le monde se dit insulté, mais personne en particulier n'avoue l'être. Je n'en tends pas l'honneur que l'on posséderait, à plusieurs, à peu près comme les bénéfices se divisent dans une compagnie de spéculateurs. Devant la justice ordinaire personne ne serait en droit de nous accuser , car notre cas n'est nullement celui qui avait amené un journaliste anglais devant la batte de la chambre haute d'Angleterre. Les journalistes anglais ne sont point d'ailleurs des hommes politiques comme en France , mais bien des don neurs de nouvelles. Eh bien! cependant, lorsque lord Broughim crut devoir se «prévaloir de la qualité de membre de là châmDre haute, pour citer devant cette chambre le journaliste , auteur de la calomnie dont il avait à se plaindre, des formes nobles et rassurantes furent employées à l'égard de l'écrivain, et le simple désaveu du journaliste suffit au no ble lord , qui fut satisfait, mais non vengé. Jé crois néanmoins que lord Brougham a donné sans le vouloir un mau vais exemple dont s'est emparé, pcût-ètre sans le comprendre, l'auteur de la proposition qui nous a amenés devant vous. En effet, dans l'article incriminé , aucun terme diffamatoire n'est spéeialemcnt indiqué ; sans doute, on n a pas déclaré la guerre aux mots , ce se rait un jeu puéril ; si donc l'esprit de l'article est incriminé , si l'on nous...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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