Extrait du journal

Le roi de Bavière était en effet très accessible. Il fallait moins dé cé rémonies pour être reçu chez lui que chez un ministre de France., Nous entrons dans l'antichambre, et sans autre préambule: — Je veux voir le roi, dit ma mère d'un air triomphant à l'huissier de service (qui parut un peu surpris- de son aplomb, je dois en con venir). ' — Qui annoncerai-je à Sa Majesté ? — Madame , Nohs entrons. Les portières étaient à peine retombées que, s'avançaHt avec un geste tragique et s'effaçant pour ne montrer : — Maximilien, voilà ton (ils !... lui dit- elle. Je ne puis rendre l'effet de ce coup de théâtre. J'aurais voulu qu'une trappe pût m'engloutir comme don Juan. Ma mère seule était soutenue par l'enthousiasme du moment et sem blait dire : Leicester était là, j'étais reine à ses yeux. — Eh bien ! dis-je au conteur, que répondit Maximilien ? Maximilien, fort surpris, fut un moment sans trouver un mot à dire ; mais bientôt, revenu de son étonnement,"il parla théâtres, et la conver sation changea tellement, qu'elle prit un autre cours, car Madeline, un peu déconcertée, n'osa pas y revenir. Plus à mon aise sur ce terrain, je pus répondre aux choses obligeantes que le roi m'adressa sur mon talent d'acteur, et dans le fait, il faut bien en convenir, il ne pouvait guère reconnaître dans ce fripon de Labranche, le rejeton d'une famille princière. II remercia ma mère de s'être souvenue du prince Max, et nous re conduisit avec beaucoup de courtoisie, à travers un jardin qu'il nous fit traverser pour regagner notre demeure. Ma mère prétendit au retour que le roi avait été enchanté de mon es prit (quoiqu'il n'en eût rien témoigné), et que j'aurais avant peu sujet de m'en convaincre. Trop heureux d'en être quitte , je la laissai bâtir ses châteaux en Espagne, sans la contrarier davantage. Avant son départ, le roi de Bavière leur envoya un de.ces brillans ca deaux que les souverains font aux artistes dont ils aiment le talent (l)._ A mon arrivée -à Dresde, M. de Bausset, qui me portait un vif intérêt,...