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Le Constitutionnel, 24 avril 1844

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Le Constitutionnel
24 avril 1844


Extrait du journal

tait la seule passion, le plus vif plaisir des anciens avocats , ces excellens hommes, si simples, si naïfs, épris, avec tant de bonne foi, de la no blesse de leur profession, si heureux et si fiers quand le dimanche, après six jours de travail, ils conduisaient leur famille, au sortir de la mgsse, par delà les portes de Paris, dans une petite maison aussi humble que leur fortune; mais assez grande pour recevoir quelques amis sous une' tonnelle de verdure, Cette année, le Barreau doit être content : le soleil a fait preuve d'une courtoisie parfaite. C'est merveille que de voir dans nos climats renfrognés ce ciel radieux , ces rayonnantes journées , cette lumière chaude et transparente. Pour des hommes- d'étude et de labeurs, qui passent les deux tiers de leur vie sous le plafond maussade du cabinet ou dans l'atmosphère malsaine des tribunaux, le charme de la villégia ture est décuplé par le contraste. Aussi, avec quelle ardeur, avec quelle joie ils ont pris un bain d'air et de soleil, au sein d'un calme profond que n'interrompaient pas la roue des voitures dans la rue, le tintement de la sonnette à la porte d'entrée, ou bien le . Silence, Messieurs! des huissiers d'audience Décidément, au Palais, le rôle des potentats est fort beau. D'abord, la pùissance y est légitime ; elle est due le plus souvent à des labeurs opiniâtres fécondés par les dons d'une intelligence richement douée. Elle est entourée du prestige le plus royal. A eux le droit dépassionner la foule, d'émouvoir toute une nation, d'emprunter les aîles de la publi cité, de faire pleurer dans leur boudoir doré les femmes belles et ner veuses, de devenir l'idéal des jeunes filles mélancoliques; à euxde3 appartemens somptueux, de vastes bibliothèques, des cabinets d'une élé gance sévère, des salons splendides où éclate la lumière de trois cents bougies, où s'étalent les tableaux des maîtres, où résonnent l'archet ins piré des artistes illustres et la voix harmonieuse des grandes cantatri ces ; à eux, enfin, le privilège à peu près exclusif des procès qui attirent et commandent l'attention de tous,-—de ces procès auprès desquels les inventions des romanciers semblent pâles et décolorées, et dont la ré cente affaire de Charleville est.un mémorable exemple. Quand un avocat, dans un moment d'intimité, vous dit à l'oreille qu'il vient d'acheter une berline de voyage, ce jour-là, inclinez-vous. Le sol dat a réussi à trouver dans sa giberne le bâton de maréchal. . La chaise de poste aux roues brûlantes, au postillon qui fait claquer son fouet, au vol rapide comme le vol de l'oiseau,— la chaise de poste, c'est l'hippogriffe des paladins du Barreau. Les défis du cor les appellent au loin, ils fourbissent à neuf leur armure d'éloquence; ils font bonne provision d'argumens acérés et mortels comme des flèches. Quelque avo...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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