Extrait du journal

locataire venait chercher de quoi faire son repas, une bonne soupe et un beau rôti; les dimanches et les jours de paie on ajoutait la friture, ce luxe des repas populaires. 'Ah lia mère Bourguignon était fière, car elle avait résolu 1^ problème à elle toute seule, en ne s'inspirant que de son cœur et de son bon sens : elle nourissait tout le logis avec grande économie sur le temps et sur le prix des denrées, car, disait-elle, puisque je reste là à regarder bouillir ma marmite, il ne m'en coûte pas davantage d'y mettre du bouillon pour toute la famille. " • Il est arrivé bien souvent,, depuis que le fourneau est installé, que tantôt l'un, que tantôt l'autre s'est trouvé empêché par le chômage ou parla maladie de don ner sa part soit pour le charbonsoit pour la viande, mais personne n'a jeûné au royaume de ma concierge et nul n'a su qu'il manquait quelques sous à l'apport quotidien ; aussi- tous les ans on fêtait le fourneau de la,mère Bourguignon* et à l'anniversaire de sa mise en activité tous les habitants du logis se cotisaient pour lui donner un gros bouquet ; et ces soirslà c'était fête de la cave au grenier. La mère Bourguignon se frottait les mains de satisfaction d'avoir eu à elle toute seule une si bonne idée, car son fourneau c'était la providence des esto macs de la maison tout entière. Mais aussi, quand l'ouvrage etîa santé, ces deux choses qui se tiennent presque toujours par la main, revenaient à l'ou vrier ou à l'ouvrière qui avaient vécusur la pitance commune, comme ils .don naient de cœur et comme la tirelire de la mère Bourguignon faisait un fond de réserve pour les mauvais jours qui sont comme des menaces permanentes, tou jours assis à la porte du pauvre ! Charles MAYRET. (La suite prochainement.)...