Extrait du journal

Paris. La chambre s'est occupée aujourd'hui de mesures législatives dont le principe avait obtenu une adhésion presque unanime, 'et dont la discussion ne pouvait exciter de ces vifs dissentimens qui ne troublent que trop souvent ses délibérations. Il s'agissait' d'ho norer la mémoire de quelques-uns de ces illustres défenseurs de la patrie, qui, entrés dans la carrière au commencement de notre mémorable lutte contre l'Europe coalisée , suivirent pendant près d'un demi-sièclé les fortunes diverses de la France et participèrent à ses premiers triomphes comme à ses derniers revers. Ces noms qui font vibrer tous les cœurs français, n'ont pas retenti en vain dans cette enceinte. Ils ont inspiré àplusieurs orateurs des accensqui retentiront à leur tour dans le pays.Notons surtout l'improvisation pleine d'énergie et d'entraînement de M. Mauguin; rarement l'honorable orateur rencontra d'aussi heureuses inspirations; un général a cru devoir le remercier avec effusion au nom de l'armée; c'était au nom de la France qu'il fallait dire, au nom de la France toujours si fière des Citoyens qui ont versé leur sang pour main tenir son indépendance et sont constamment restés fidèles à son drapeau! . Nous regrettons que la fin de la séance ait si peu répondu à un tel début. Deux des pensions proposées par le gouvernement ont été rejetées. Nous ne sommes assurément pas suspects en fait d'é conomies; nous poursuivons de* nos vœux constans toutes celles que nous croyons possibles et opportunes; mais fallait-il ranger dans cette classe quelques milliers de francs accordés aux veuves de la jambe de bois , et de cetautre général qui vint au moment où tant d'autres hésitaient, jeter ses épauiettes et sa fortune mili taire parmi les combattans sans chef de juillet? En vérité, nous ne le pensons pas, et nous croyons être ici les interprètes de l'o pinion publique. On peut aussi s'affliger d'une circonstance qui a marqué cett» . délibération. Les deux projets adoptés à la première épreuve ont été rejetés à la seconde, et rejetés , il faut le dire, à des majorités ■qui prouvent que plus d'une boule n'a pas fidèlement reproduit dans l'urne le vote par assis et lever. Quelle que soit l'origine d'un tel résultat, de quelque banc de la chambre qu'il provienne, nous n'hésitons pas à déclarer qu'il y a là un procédé peu conforme à la dignité d'une assemblée où chacun doit avoir d'abord le cou rage de ses 'opinions ; plusieurs ont donc failli dans cette occasion. Nous le disons à regret, mais nôus le disons dans l'intérêt de la vérité qui doit l'emporter sur toutes considérâtions, comme dans celui de la chambre elle-même, que nous voudrions voir cons tamment à sa place dans l'estime du pays. > . Les journaux ministériels ont aujourd'hui reçu le mot d'ordre pour caractériser la fusion qui tend à s'çpérer entre toutes les nuances de la nouvelle majorité. Ce mot d'ordre est intrigue. Ainsi c'est pure intrigue, entendez-vous, que le vote de l'adresse ; intrigues, les conséquences qu'on en a tirées contre le ministère qui...