Extrait du journal

dont tu auras fait une des nécessités de ta vio ? — Je ne partage point toutes tes craintes, reprit Emmanuel, j’ai con fiance en Dieu si en l’avenir ; je me sens dans les bras assez de force et de vigueur pour soutenir ceux que j’associerai à mon existence, et je puiserai dans l’amour d’une femme aimée le courage qui ne tar derait pas à m’abandonner si j’essayais de vivre seul. L’isolement que tu recherches m’effraie, cl ma route, fût-elle semée de diamants, me fatiguerait vite si je n’y rencontrais les regards, les sourires ct les caresses d'un être dévoué. Je renonce d’avance, s’il le faut, aux jouissances du luxe, aux dons de la fortune ; mais je ne puis me ré signer à me passer d’affection. Chacun son lot : à loi la vie facile, les entreprises, le succès, la renommée peut-être ! A moi l’obscurité, le travail fatigant et modeste, le silence cl sa monotonie, mais aussi les douces joies du foyer, la paix de l’àme et la tendresse d’un cœur ami. —Ta manie du mariage, dit Paul avec un tou de supériorité, est trop tenace pour que je cherche à t’eu guérir ; après tout, c’est ton af faire el non ia mienne. Mais du moins, tu as choisis une personne qui possède toutes les qualités que tu vantes si haut, et y joindra une petite dot pour te permettre de monter ion ménage ol d’entourer ta lune de miel d’un peu de cette aisance si nécessaire aux fêtes de l’amour. Voyous qui épouse-tu ? — Je n’ai pas la prétention, répliqua sèchement Emmanuel un peu blessé, de demander à une femme ce que je ne puis lui offrir moi-même, ci moins encore d’en faire une condition absolue, (l’est à son cœur cl non à sa bourse que je m’adresserai. J’épouse Mllti Clémence, que tu connais, et dont tu ne soupçonneras, j’espère, ni les qualités précieuses, ni la douceur et la sensibilité. Si tu étais bien inspire, tu suivrais mon exemple, cl tu épouserais sa cousine, Mlle Dupré, qui ferait une excellente femme, et qui serait enchantée de devenir la licuiie. Tu as sans doute remarqué comme moi qu’elle te voit avec plaisir, et que la moindre complaisance delà pailla louche extrêmement ? — Laissons de côté la question de mariage, dit Paul d’un ton suf fisant ct caustique, nous ne pourrions nous entendre. J’apprécie, autant que tu peux le faire, le caractère louable de MUe Clémence ; mais je ne lui connais d’autre fortune que ses vingt ans, sa gentil-...